Commémoration du 67ème anniversaire de la Journée Nationale

de la Déportation et de la Libération des Camps

Dimanche 29 avril 2012 à 11 heures Monument aux Morts Place Foch

Intervention de M. Gérard Perron

Maire d’Hennebont Conseiller Général du Morbihan

Mesdames, Messieurs les Elus(es),
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Mesdames, Messieurs les Anciens Combattants,
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Mesdames, Messieurs,
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En ce jour anniversaire de la Libération des Camps de Concentration, il est de notre devoir de nous souvenir et de rappeler aux générations actuelles et futures ce qu’a été cet horrible moment de notre histoire.
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Je tiens ici à remercier et à exprimer toute notre reconnaissance à toutes celles et à tous ceux qui depuis la libération de notre pays de l’occupation par les nazis pour tout ce qu’ils ont fait pour commémorer les morts de ces camps et surtout de témoigner ce qu’ils ont vécu.
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Je voudrais ici rendre hommage à notre ami et camarade
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Pierre Le Garrec qui vient de nous quitter pour son engagement et son action politique, syndicale et patriotique. Il n’a jamais ménagé sa peine, son temps et son énergie pour tenir allumée la flamme de la Résistance.
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Il était de toutes nos cérémonies sauf évidemment ces derniers temps où ses problèmes de santé ne lui permettaient plus d’être avec nous. Mais malgré cela dès qu’il se sentait mieux, il nous revenait et plaisantait même des nombreuses opérations qu’il avait dû subir.
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Pierre a reçu, lors de ses obsèques les hommages qu’il méritait de mon ami Eugène Crépeau avec qui il avait partagé tant de combats. On peut dire que Pierre Le Garrec à qui nous devons tant, aura été jusqu’au bout un combattant pour la liberté, la justice sociale, l’égalité et la fraternité.
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Président de la section ANACR d’Hennebont-Lochrist
, il a reçu aussi l’hommage de Katerine Le Port, nouvelle Présidente Départementale et fille de Simone Le Port, ancienne déportée.
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Au moment où les témoins de cette époque nous quittent les uns après les autres, elle a tenu à nous communiquer la liste de tous les hennebontaises et hennebontais, morts et disparus dans les camps de concentration où au cours de leur transfert.
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Elle évoque aussi les circonstances de leur arrestation et lorsqu’on les connaît celles de leur disparition.
Devant ce Monument aux Morts érigé en mémoire de tous nos morts pour la France j’ai tenu ce matin à rappeler ces événements et permettre ainsi que leurs sacrifices ne disparaissent pas dans les oubliettes de l’histoire.
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Pierre Le Garrec avait tenu à s’engager dans la Résistance en reconnaissance à son ami Vincent Gahinet. Voici ce que disait Roger Le Roux, professeur au Lycée Dupuy de Lôme dans son livre « le Morbihan en guerre » :
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« Le 4 juin 1943, quatre camarades prennent à Hennebont le train pour Bayonne. Le 9, ils sont arrêtés au poste-frontière de Dancharia (Basses-Pyrénées). Interrogés à Cambo, ils sont conduits à la prison de Bayonne puis ramenés à Bordeaux (caserne Xaintrailles). L’un deux, Pierre Ezvan, dont la famille a pu faire intervenir une personnalité en bonnes relations aves les Allemands, obtient vite sa libération et passe dans la Résistance du Médoc. Fernand Lestrehan et Vincent Gahinet s’évadent du convoi de déportation après le départ de Compiègne, grâce à une scie laissée par un cheminot dans leur wagon. Vincent Gahinet blessé par un coup de feu est seul repris (il mourra au moment de la Libération). Le quatrième, Jean Madec fait partie du convoi qui suit. Exaspérés par les évasions du premier train, les S.S. qui ont entassé les déportés à cent par wagon, les obligent en gare de Laon à se déshabiller tous. A l’arrivée, on trouvera soixante-quatre morts dans un même wagon. Madec reviendra de Buchenwald ».
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En fait si
Vincent Gahinet est bien parti le 2 septembre 1943 de Compiègne vers le camp de Buchenwald, après son évasion il a été repris et interné à Metz puis déporté à Buchenwald sous le matricule 22124. Il serait mort sur l’île de Mainau le 24 mai 1945 avant son rapatriement.
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Puis Katherine Le Port cite tous les convois vers les camps de la mort où se trouvaient un ou plusieurs hennebontais.
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Le convoi du 22 janvier 44 parti de Compiègne pour Buchenwald où se trouvait Marcel Le Baron, matricule 41564 mort à Dora le 31 mars 1945 à 28 ans.
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Le convoi du 22 mars 44 parti de Compiègne pour Mauthausen où se trouvait parmi 1218 hommes dont 637 vont mourir ou disparaître dans les camps nazis, Gilles Le Roux né à Hennebont le 26 décembre 1922 matricule 60547, mort à Mauthausen le 22 avril 1945. Il avait 22 ans.
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Voici les circonstances de son arrestation :
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«Il appartenait à la section du Front National créé le
1er mars 1942 par Albert Le Bail, syndicaliste lorientais. Suite à une dénonciation est découverte le 10 juillet 1942 l’imprimerie clandestine, installée dans le grenier d’une maison, sise rue Edgar Quinet à Lorient, louée par Pierre Theuillon. Or dans cette imprimerie étaient fabriqués des tracts, distribués non seulement à Lorient, Keryado, Lanester et Hennebont mais aussi dans les régions de Bubry, le Faouët, Gourin, Guémené. Le réseau local subit alors une vague d’arrestations comprenant, outre François Cornn, et Albert Le Bail, Jacques Portillo-Pastheuros, délégué des ouvriers espagnols travaillant à Plouharnel et Carnac, Gilles Le Roux, Jean Lucas, François Guillevin ainsi que Gilles Dupont, Etienne Fouillen. Ils seront tous déportés.Albert Le Bail (51 ans), François Cornn (22 ans), Etienne Fouillen (31 ans), François Renault, Pierre Theuillon mourront aussi dans les camps nazis ».
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Dans le
convoi du 7 juillet 1944 parti de Paris vers Natzweiler se trouvait Pierre Lemée né le 6 septembre 1899, employé SNCF à Quimperlé qui entre dans la résistance dès 1942. Arrêté pour fait de résistance le 23 mars 1944 suite à une lettre de dénonciation il est incarcéré à la prison Saint-Charles à Quimper puis écroué à Fresnes. Matricule 19390 il est transféré à Dachau, Mauthausen, Melk où il décède le 13 mars 1945 à Nordhausen. Il avait 45 ans.
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Dans le
convoi du 28 juillet 1944 parti de Compiègne vers Neuengamme parmi les 1651 hommes dont 1042 vont disparaître et mourir dans les camps nazis se trouvait Ange Nicolas né le 29 janvier 1902 à Hennebont.
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Voici les circonstances de son arrestation.
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«
Ange Nicolas, né le 29 janvier 1902 à Hennebont. Aurait été adjudant de gendarmerie et aurait commandé la Brigade d’Hennebont. Ange Nicolas aurait appartenu au « service national maquis » créé par le Colonel Favereau (alias «Brozen»), puis il aurait intégré l’armée secrète. Arrêté le 31 mars 1944, comme 27 autres membres de la résistance, Ange Nicolas est incarcéré à Rennes puis transféré à Compiègne le 29 juin 1944 d’où il est déporté au KL de Neuengamme n°matricule 39654, il décède le 17 décembre 1944 dans un lieu non déterminé. Il avait 32 ans ».
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Dans le
convoi du 26 août 1944 parti de Belfort vers le camp de Natzweiler parmi les 278 hommes dont 139 mourront en déportation se trouvait Emile Audran né le 18 mars 1904 à Hennebont.
------------------------------------------------------------- Voici les circonstances de son arrestation.
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«Ancien agent des services secrets, agent technique principal de la Marine, a été muté en
1941 de la station de radio de Basse-Lande à l’arsenal de Lorient. Il est recruté par André Coindeau (« Urus, S7) du réseau Alliance en 1942 et il devient l’agent S 75, dit « Gabriel » ou « Gicquel ».
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Emile Audran a la charge, aux travaux maritimes de Lorient, de surveiller et d’entretenir le long de la côte les signaux établis à terre ainsi que les arrivées et départs de câbles sous-marins. Il fournit donc les renseignements sur les mouvements des sous-marins entrant et sortant de Lorient, les mouvements de troupes, les emplacements de D.C.A., les fortifications côtières dans le Morbihan. De plus, Emile Audran, comme spécialiste en béton armé, peut fournir de précieux renseignements techniques sur les ouvrages de l’organisation TODT.
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A Vannes,
Emile Audran s’est lié avec un individu qui se fait appeler Jean Laroche et se dit « agent double » (en réalité il s’agit de Claude Laboriaux, espion de l’Abwehr, condamné à mort par contumace le11 juillet 1947 par la cour de justice de Rennes). Emile Audran pense pouvoir obtenir de ce dernier des informations sur la Milice. Dans la soirée du 13 mars 1944, Emile Audran et Auguste Vigouroux sont arrêtés à Vannes par le S.D. Emile Audran est déporté à Natzeiler. Vigouroux, déporté à Neuengamme, reviendra des camps.
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Alors que la plupart des autres membres de l’alliance arrêtés entre
décembre 1943 et mars 1944 ont été déportés au camp de Schirmeck, que 106 d’entre eux sont amenés au Struthoh dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944 par groupes de 12, pour être immédiatement exécutés d’une balle dans la nuque puis brûlés au four crématoire, Emile Audran sera transféré au KL Dachau, comme les autres déportés duconvoi du 26 août 1944. Il décède à Hannovre le 22 février 1945. Il avait 41 ans. ».
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Il nous faut aussi citer d’autres hennebontais morts dans ces camps, sans avoir été embarqué dans ces convois.
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Emile Lainé né le 29 février 1904, matricule 38635 mort le 15 avril 1945 à Ring. Il avait 21 ans. -------------------------------------------------------------
Joseph Le Rouzo né le 21 avril 1920 à Hennebont, mort le 28 février 1945, il avait 25 ans, sans que l’on connaisse les circonstances de leurs arrestations.
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Sans oublier bien évidemment tous ceux qui ont survécu et qui sont morts à leur retour des suites de leur déportation. Nous aurons l’occasion également de leur rendre hommage mais je voudrais avant de terminer cette intervention, remercier et féliciter chaleureusement notre ami
Roger Marette, rescapé de ces camps qui comme Pierre n’a jamais ménagé sa peine, son énergie et son temps pour témoigner et participer aux cérémonies commémoratives de la libération des camps de la mort.
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Malgré un accident de santé, il a tenu à être parmi nous encore ce matin et je lui en suis reconnaissant.
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Saches Roger, que nous, les enfants d’après guerre, nous n’oublierons jamais ce que vous avez vécu et enduré pour que nous puissions vivre en Paix et en Liberté.
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Au moment où certains tentent, avec hargne, violence et agressivité de faire oublier ces pages sombres de notre histoire pour raviver des slogans et des idées racistes et xénophobes, il est de notre devoir de rappeler aux générations actuelles que rien ne justifie aujourd’hui comme demain, de développer la haine de son prochain et de stigmatiser l’étranger, l’homme de couleur différente, de religion différente comme le responsable de nos propres difficultés.
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N’oublions jamais que dans les camps de la mort, les nazis ne faisaient guère de différence entre celui qui croyait au ciel ou celui qui n’y croyait pas, que dans les camps, les nazis ne faisaient pas de différence entre les nationalités qui avaient combattu contre eux.
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N’oublions jamais que les nazis se croyaient d’une race supérieure et que pour cela ils se devaient d’exterminer celles et ceux qu’ils considéraient comme des êtres inférieurs.
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Je me permets ici de rappeler à tous ceux et celles dont la fonction est d’assurer l’instruction civique de notre jeunesse et de nos concitoyens que la Communauté Internationale a défini dans l’article 6 du statut du Tribunal Militaire de Nuremberg la notion de crime contre l’humanité :
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« l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile » élargi depuis par l’article 7 du statut de Rome de la Cour Pénale Internationale en 1998.
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Je sais pouvoir compter sur le monde enseignant, sur les journalistes, sur les adhérents et les responsables des associations patriotiques pour agir et perpétuer le devoir de mémoire vis-à-vis de nos martyrs et de nos compatriotes qui ont combattu la barbarie nazie.
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Merci encore de votre présence et de votre attention.

6 JUILLET 1944 LANDORDU

Le 6 juillet, seize patriotes sont massacrés dans le bois de Landordu. Selon le témoignage d’un «braconnier» recueilli par René Le Guénic, vers quatre heures du matin, celui-ci se rendant relever un piège placé la veille, aperçoit trois camions qui s’arrêtent non loin du chemin de Porh-Lann.
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Les soldats allemands qui en descendent barrent la route dans les deux sens. Se cachant derrière un talus, notre homme voit les Allemands conduire un groupe d’hommes en les poussant à coups de pieds et de crosse à l’intérieur du bois. Décidant de s’enfuir, le braconnier a néanmoins le temps d’entendre deux fusillades espacées de quelques minutes.
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Revenant sur les lieux, le lendemain, il découvre qu’une fosse a été creusée puis recouverte de mottes de terre soigneusement placées, des ajoncs et des fougères ayant été plantés ainsi que quatre conifères. En creusant tout d’abord avec ses mains, il aperçoit des vêtements puis en creusant avec une pioche, il aperçoit des cadavres. Il informe le maire de Berné des faits.
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Les corps de seize hommes vont être ainsi découverts, vraisemblablement tués à coups de mitrailleuse. Certains paraissant avoir été enterrés encore vivants. Il s’agissait de jeunes gens pris en possession d’armes lors de rafles à Langonnet et à Plouray le 21 juin:
Yves Faucheur, 22 ans, Roger Garnier, 20 ans, Yves Henrion, 24 ans, Joseph Marie Le Corre, 23 ans, Francis Le Guyader, 32 ans, François Marie Le Roux, Antoine Marchica, 29 ans, Francis Mostade, 20 ans, René Nicolas, 23 ans, Jean-Louis Poher, 22 ans, mais aussi le gendarme Joseph Le Bourgès, 43 ans, arrêté le 19 juin à Sérent, et Joseph Palaric, 50 ans, arrêté le 18 juin à Ploërdut, ainsi que quatre inconnus.

1944, AU FORT DE PENTHIÈVRE.

Le 11 juillet 1944, le chef de la Gestapo de Vannes fait remettre au colonel Reese, officier de carrière, l’ordre de faire fusiller cinquante détenus car, dit- il, la prison de Nazareth est surpeuplée. L’ordre est transmis au major Esser, âgé de 40 ans, ancien instituteur qui fait transférer les prisonniers au fort de Penthièvre où les exécutions dureront pendant trois heures, le 13 ou le 14 juillet .

Voici ce que dit avoir vu de ces exécutions un prêtre catholique allemand, Andréas Weiglen, qui a assisté un vendredi du mois de juillet 1944 à la mort de six des patriotes: «J'allais ensuite à la place d'exécution sur les murs de la citadelle. Là il y avait deux bouts de bois dans la terre environ cinq mètres plus loin je voyais sept soldats allemands avec leurs fusils... A côté se trouvait un médecin allemand et un juge de guerre de la division de Redon. Comme premier on amenait Léon Fallotet on le ficelait avec son dos contre le bois. Le juge lisait la condamnation en allemand et après en français. La cause était nommée « franc-tireur ». Sur la question du juge : «Avez-vous encore un désir ? » Fallotrépond : « Rien ». J'allais vers lui et priais avec lui « Mon Jésus ayez pitié de nous»...
Pendant que je me retirais et que les soldats tournaient le levier de sûreté, Fallots'écria « Vive la France ! » Sur ordre les soldats firent feu et Fallottomba. Il a été détaché et déficelé. On l'a posé sur l'herbe, et après quelques instants le médecin constatait sa mort. On porta le corps du mort à côté. Où? Je ne sais pas. A ma demande « Qui fera l'enterrement ?» On me répondit: «Le curé de Saint-Pierre».
La même chose se répéta encore cinq fois. En deuxième et troisième ce furent les frères Samson. Je ne me rappelle plus la suite des trois autres. Ils venaient tous sans indice de peur, très courageux, comme des héros, comme des hommes qui combattent pour une grande idée. Les officiers et soldats qui étaient présents avaient aussi la même impression. Je quittai la place de l'exécution et même le soleil levant qui annonçait une belle jour- née d'été de juillet ne pouvait pas me consoler, et je me demandais: « Pour- quoi ces six hommes là devaient-ils mourir ? ».

Il n’y eut pas d’enterrement fait par le curé de Saint Pierre: les corps fu
rent jetés dans une sorte de boyau souterrain d'une trentaine de mètres, creusé par les Allemands à partir d’un tunnel qui était primitivement profond de quelques mètres, tunnel qu’ils refermaient sur les cadavres par trois épaisseurs de murs, distants de trois mètres les uns des autres et séparés par de la terre. Au moment de la découverte des corps, on relèvera sur les murs des inscriptions « Vive de Gaulle » et des croix de Lorraine entourées de « V », ce qui peut laisser craindre que tous n'étaient pas morts lors de la fermeture du tunnel...

Lors de son procès qui vit sa condamnation à mort, Reese n’hésita pas à prétendre: «la lutte en Bretagne était devenue impossible... à chaque carrefour, dans tous les villages, nos troupes étaient attaquées, mitraillées, décimées... nous ne trouvions devant nous que des adversaires qui n’acceptaient pas de se battre à terrain découvert».

A la question sur le fait qu’aucun des cinquante détenus n’avait été jugé, Reese répondit «je le savais... mais cela ne présentait aucune importance. Les policiers m’avaient informé qu’il s’agissait de terroristes et qu’ils devaient être liquidés. L’ordre d’Hitler était pour moi la seule loi que je devais observer... Ma conscience ne me reproche absolument rien... Pour les FFI, le devoir était de tuer les allemands... sans jugement eux aussi».

A Penthievre les corps de cinquante deux suppliciés furent découverts le
16 mai 1945, dont quatre jamais identifiés:

Ceux de Plumelec (côté Sud), Jean Brule, 21 ans, ouvrier agricole, FFI, Mathurin Jego, 49 ans agriculteur quatre enfants; Paul Le Maire, hôtelier 33 ans, deux enfants; (côté Nord) Jean Le Coq, 32 ans, médecin, trois enfants; Henri Le Gal, forgeron, 19 ans arrêté le 28 juin;Jean Maréchal, 21 ans, né à Paris; Henri Mounier, agriculteur, 24 ans , un enfant; Robert Pichot, aide en pharmacie, 19 ans, combattant à Saint Marcel.

Ceux de Quily ( côté Sud) Alexandre Caillot, 25 ans facteur dans le réseau Guimard depuis 1943; Gabriel Caillot, 32 ans FFI les deux frères ont été arrêtés le 8 ou 9 mai 1944.

Ceux de Vannes ( côté Sud) A. Cadoret, L. Le Bihan, G. Gasnier, ( côté Nord) J. Penpenic.

Ceux de Locminé ( côté Sud) Georges Basson, 21 ans, mécanicien; Albert Caro, 27 ans, employé; Marcel Dantec, 37 ans, forgeron; Antoine Ethore, 29 ans, caporal FFI, mécanicien; Léon Fallot, 43 ans, commerç̧ant; Pierre Galerne,23 ans, employé; Edouard Guillo, 25 ans, employé;
Félix Hilary,27 ans, ajusteur; Joachim Lamour, 39 ans, mécanicien; Joseph Le Bellour, 24 ans, jardinier; Yves Le Brazidec, 23 ans, manoeuvre; Laurent Le Foulgoc,24 ans, bourrelier;
Jules Le Maguet, 44 ans, marbrier; Jacques Lenormand, 46 ans, garagiste; André Le Pennec, 18 ans, boulanger; Roger Le Roux,19 ans, peintre; Gaston Lohezic, 22 ans, typographe;
Georges Lolon, 33 ans, watman; Jean Martin, 31 ans, sergent FFI, chef cantonnier; Jean Nael, 27 ans, FFI, chef de train; Aristide Samson, 31 ans, watman; Charles Simon, 20 ans, boucher;
Joachim Thebaud,39 ans, menuisier; (côté Nord) Laurent Le Foulgoc, 24 ans, bourrelier;
Jules Le Maguet, 44 ans, marbrier; Mathurin Quilleré, 38 ans, couvreur; Joseph Samson,18 ans, manoeuvre; Charles Simon, 20 ans, boucher; Joachim Thébaud,39 ans, menuisier.

Ceux de Molac ( côté Sud) A. Daniel, ( côté Nord) E. Monnier, M. Tellier.

Ceux de Mohon (côté Sud) J.Gautier, ( côté Nord) P. Hervé.

Ceux de Pleucadeuc, ( côté Nord) E. Monnier, A. P. Piquet.
( côté Sud ) :
E. David, de Nantes, J. Dufis, de Carcassonne, Arsène Juillard, SAS blessé (arrêté à la clinique de Malestroit le 27 juin 1944) de Meissac,
J. Le Normand, de Port-Louis, Côté Nord : H. Le Gall, de La Chapelle Caro; V. Mahé de Brest;
P. Le Guenedal, de Baden; Perron de Bubry; E. Morel, de Saint -Marcel; A. Péresse, de Languidic; J. Tréhin, de Landevant; M. Tuffigo, de Saint Pierre Quiberon.