Nous sommes rassemblés aujourd'hui devant cette plaque qui commémore la Libération de Brandérion le 7 août 1944.

Cette date, certes symbolique, n'est pourtant qu'une étape dans la vie de la commune lors du dernier conflit mondial. La proximité géographique avec la poche de Lorient a bien évidemment modifié le cours de la vie des brandérionnais.

L'occupation réelle de Brandérion a commencé en février 1941 par le château de Kerlivio, réquisitionné par le commandement de l'aviation allemande lors de la montée en puissance de l'activité des U-boots basés à Lorient.
Cette occupation allemande a donc vu l'expulsion des habitants de Kerlivio, y compris les fermiers et leur bétail qui se sont repliés dans un champ près de Kerguellec où ils ont édifié des constructions sommaires.

Merci à monsieur de Lageneste, en sa double qualité de maire honoraire de Brandérion et propriétaire du domaine de Kerlivio, ainsi qu'à son épouse et sa famille d'être aujourd'hui présents à nos côtés.

Mais d'autres fermes et habitations ont également été réquisitionnées partiellement ou en totalité par l'occupant, y compris d'ailleurs ponctuellement les écoles et le presbytère pour le logement d'officiers ou de troupes de passage.

Cette sombre période a vu aussi les perquisitions surprises, le rationnement, l'instauration du couvre-feu et le classement de la commune en zone interdite avec un strict régime de laissez-passer.

Toutefois, fort heureusement, peu de victimes civiles seront à déplorer hormis une fermière du Milledec tuée au retour du moulin peu de temps avant la libération.

Paradoxalement, c'est avec l'arrivée des troupes américaines le 7 août 1944, vers 9h, que la période peut être la plus difficile pour les Brandérionnais va commencer.

Ce jour-là, un bref mais violent bombardement du bourg par les forces allemandes qui se sont repliées sur Lorient et cherchent à stopper la progression des alliées fera trois décès.
Souvenons-nous ce matin de ces trois victimes innocentes : deux enfants de 8 et 9 ans des familles Le Goff et Philippe et le sous­ lieutenant de 47 ans Louis Évanno, chef des sapeurs-pompiers.

La proximité du bourg avec la poche de Lorient génèrera par la suite des bombardements fréquents qui obligeront la population à s'exiler dans les communes environnantes et vers le centre Bretagne.

Pour elle, la libération sera synonyme d'exode.

Il faudra également déplorer plusieurs victimes de ces mêmes bombardements entre août 44 et mai 45 sur la commune. Progressivement, le bourg deviendra un « no man's land » qui sera investi puis occupé par les FFI et les FTP. Kerlivio subira le même sort avec une forte implantation de la Résistance.

La vraie libération suivra la capitulation allemande le 7 mai 1945 à Étel.

A compter de ce jour, Brandérion verra le retour progressif de ses habitants et la reprise d'une vie normale presqu'un an après la fin de l'occupation à l'exception de Kerlivio qui abritera des prisonniers allemands jusqu'en novembre 1945.

Voilà mesdames et messieurs une partie de la vie passée de notre commune. Puisse-t-elle ne jamais revivre une autre période de ce genre. Conjuguons notre indispensable devoir de mémoire et notre confiance en l'avenir.