HOMMAGE A JEAN MARCA ET HENRI CONAN AURAY LE 30 AVRIL 2012
Nous reproduisons ci-dessous le discours prononcé par un représentant du Syndicat CGT des cheminots, notre ami Patrick LE MIGNAN s’étant associé à cet hommage au nom de L’ANACR 56.
Chers Amis, Chers Camarades
Le 30 Avril 1942, il y a 70 ans, les nazis assassinaient nos Camarades Jean Marca et Henri Conan avec la complicité de la police française.
Jean Marca était né le 31 Juillet 1920, il fût fauché dans sa jeune vie à l'aube de son 22ème anniversaire. Jean Marca était un jeune cheminot, après ses 3 années d'apprentissage de 1934 à 1936, il fût nommé mineur ouvrier au dépôt d'Auray.
Son rêve était de devenir conducteur de locomotives, c'est comme élève mécanicien qu'il fût arrêté le 20 Janvier 1942, sur sa machine, à Quimper.
Jean Marca était entré dans la résistance intérieur française le ler Juin 1941, recruté alors par un des cadres de la résistance, Raoul Dautry.
Henri Conan, également cheminot, était né le ler Janvier 1912, il perdra la vie à l'âge de 30 ans. Henri Conan est entré comme cheminot au dépôt d' Auray en 1936 après son service militaire dans la marine à Lorient.
Henri Conan sera arrêté par la police française le 28 Janvier 1942, sur dénonciation, dans le train qui le mène à Lorient.
Nos Camarades, cheminots et syndicalistes de la CGT s 'engageront activement dans la résistance, auprès de Joseph Rollo, lui même résistant sous le pseudonyme de « Réal »,et à la tête d'un groupe de Camarades, liés à l'organisation « Libération Nord ».
Nos Camarades cheminots travaillent étroitement avec l'ensemble des réseaux de la résistance. Ils furent surtout chargés de saboter les voies ferrées, de déboulonner les rails ou d'injecter du sable fin dans les systèmes de graissage des machines, entravant ainsi les déplacements des allemands.
Ils paieront très cher le prix de leurs actions, de leur courage, tout comme Léon Jaffré, cheminot lui aussi et également fusillé le 17 Décembre de la même année, pour complicité d'attentats terroristes, et que j'associe aujourd'hui à l'hommage que nous leur rendons à tous.
Transférés à Vannes, ils furent condamnés par un tribunal français à quatre ans et demi de prison pour distribution de tracts de la CGT et politique.
Livrés aux allemands, ils furent fusillés le 30 Avril 1942 à 14H00 au Polygone de St Avé. Après la libération, leurs corps seront transférés au cimetière d'Auray.
La population, de près de 2000 personnes, toujours sous le choc de leur exécution, assistera en masse à cette cérémonie.
L'Acte de leur décès porte la mention additive « mort pour la France ». Henri Conan fût nommé soldat des Forces Françaises de l'Intérieur, sur Avis du Ministère des Anciens Combattants, à Paris en date du 3 Juin 1947.
Unis par leur statut depuis 1938, les cheminots sont porteurs d'esprit de solidarité et de lutte, valeurs qui, dès l'occupation, structurent de manière prépondérante une conscience de résistance, reconnue historiquement et politiquement.
Rappelons que notre corporation cheminote paya un lourd tribu à la paix, à l'indépendance et à la liberté durant cette deuxième guerre mondiale. 8.938 cheminots y laissèrent leur vie et 15.977 y ont été blessés pour faits de guerre ou de résistance. Parmi eux, 809 furent fusillés et 1157 sont morts en déportation.
A Auray, ce sont 8 cheminots qui furent tués pour faits de guerre, 3 cheminots furent fusillés et 2 sont morts en déportation. ( 1)
Bien que le gouvernement de Vichy ait dissous les centrales syndicales ouvrières le 16 Août 1940, la CGT continuera à oeuvrer dans la clandestinité.
La CGT participe ainsi, dès le 27 Mai 1943, aux premiers travaux du Conseil National de la Résistance, programme qui sera publié le 15 Mars 1944.
S'en suivra dès lors, ce que l'on appela les grèves insurrectionnelles qui prendront fin avec la libération de Paris le 25 Août 1944
Dès le lendemain, le 26 Août 1944, la CGT s'installe au grand jour, dans ses locaux, c'est la fin de la clandestinité.
Le 17 Décembre 1944, les cheminots d'Auray reconstruisent leur syndicat CGT et déposent leurs nouveaux statuts auprès de la sous préfecture de Lorient, et dont je viens d'en remettre un exemplaire aux archives municipales de la ville d' Auray.
Ceux qui étaient militants, comme ceux qui ne l'étaient pas, Ceux qui étaient connus, comme ceux qui ne l'étaient pas,
Ils étaient tous unis dans l'Egalité, la même Fraternité combattante, avec comme étendard le mot Liberté.
Dans un moment où les périls qui pèsent sur la Paix n'ont jamais été aussi lourds, il est pour nous des références bonnes à citer et des exemples à suivre.
Je tenais, au nom de l'ensemble de la CGT, et plus particulièrement au nom du syndicat CGT des Cheminots d'Auray, en ce jour de commémoration du 70ème anniversaire de la mort de Jean Marca et d'Henri Conan à leur rendre un hommage respectueux et fraternel.
Le devoir de mémoire et de transmission des faits que nous leurs devons est indispensable pour lutter contre l'oubli et les révisions de l'histoire.
Ne les oublions donc pas.
Je vous remercie.
( 1) outre Henri Conan, Léon Jaffré et Jean Marca, fusillés en 1942, mourraient en déportation les cheminots: M.LE MAUGUEN et F. LE MEUR .
Nous ignorons les circonstances de leur arrestation .
Étaient tués par faits de guerre, les cheminots :
J.BETROM, H.BURBAN, R.COQUARD,J.GREFFIER,F.HOUGET, E.HUGUEL, A.LE CANU, F.LE GAL, L.LE GAL, M.LUCIEN, R.NABAT, E.SINQUIN
Nous ignorons les lieu, date et circonstances de leur décès