Texte de la résolution d'orientation de l'ANACR

L'année 2013 sera celle du 70ème anniversaire de la création du CNR et de la libération de la corse, premier département métropolitain, soustrait, en premier lieu par son insurrection, à l'occupation nazie et au régime pétainiste, l'année 2014 sera celle de la publication du programme du CNR et de la libération de la France, l'année 2015, celle du 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme et sur le fascisme japonais.

 

Soixante-dix ans après ces événements majeurs pour l'histoire de la France et du Monde, force est de constater que le monde contemporain est fort lion des aspirations et des espérances des peuples, celle d'un monde en paix, celle d'une société humaniste, démocratique et solidaire, dans laquelle l'intérêt général primerait sur les intérêts particuliers, ce qu'exprima en France le programme du Conseil National de la Résistance.

 

Or, le monde contemporain connait les guerres, notre pays s'est à plusieurs reprises trouvé impliqué dans plusieurs d'entre elles, en Afrique centrale et du Nord, d'autres menacent aujourd'hui au Proche et moyen-Orient, en Asie Orientale, notre société connaît le racisme et la xénophobie, la montée des intégrismes, l'aggravation des discriminations et des exclusions  ; la solidarité à dramatiquement reculé, les intérêts particuliers ont pris le pas sur l'intérêt général.

 

Le monde et notre société sont en crise, une crise qui depuis 2008 a pris sur le plan mondial une tournure aigüe, notamment dans plusieurs pays d'Europe, une crise qui, de part la désespérance sociale qu'elle suscite, s'est déjà traduite par des tensions ayant à plusieurs reprises gravement affecté plusieurs Etats.

 

C'est ce contexte qui a, s'appuyant sur une méconnaissance de l'Histoire, suscité un regain des idéologies que l'on aurait pu croire définitivement vaincues en 1945. Un regain s'accompagnant dans plusieurs pays d'Europe centrale et Orientale d'une démarche négationniste de réhabilitation des régimes qui s'en inspirèrent, en France de celle du régime collaborateur de Vichy  ; en même temps que se développaient des poursuites judiciaires contre des anciens Résistants, contre des victimes de la barbarie nazie, non seulement dans ces pays d'Europe centrale ou Orientale mais dans notre propre pays, tel le procès intenté à l'un des deux survivants du massacre d'Oradour, Robert Hébras, indignement condamné, et auquel nous apportons notre soutien. Pire, les idées racistes, autoritaires, antidémocratiques sont parfois diffusé dans des formes dangereuses au-delà de l'extrême-droite.

 

Cela montre, s'il en était besoin, la nécessité de transmettre la connaissance de ce qu'a été la réalité monstrueuse du fascisme lorsqu'il a été au pouvoir du début des années 1920 à 1945, de ce à quoi ont mené durant cette période les atteintes à la démocratie et les discriminations racistes, la misère sociale conduisant nombre de ceux qui en furent victimes à prêter une écoute attentive aux démagogues. Face à cette montée de l'extrême droite, ces résurgences du fascisme dans tous les pays Européens du nord et du Sud, de l'Est ou de l'Ouest, ce dont témoigne l'audience des partis qui s'en réclament recueillent sur la plan électoral, il est souhaitable que puissent être réunis les conditions coordonnées de celles et ceux qui se réclament à travers l'Europe des valeurs de la Résistance à cette menace qui grandit. En premier lieu dans le cadre de la Fédération Internationale des Résistants (F.I.R) dont l'Anacr est membre observateur.

 

Cela montre aussi la nécessité d'être vigilant à l'égard du négationnisme falsificateur, et de toute tentative d'exonération du fascisme et de ses crimes. Cela montre surtout celle de transmettre la mémoire des combats de ceux qui s'opposèrent au fascisme, souvent avant-guerre, de ceux que l'Histoire a appelé les Résistants, et qui contribuèrent puissamment à l'abattre, de transmettre les valeurs qui les motivèrent et qu'exprime le programme du CNR, dont la mise en œuvre à la Libération des mesures qu'il préconisait permit des avancées démocratiques, économiques et sociales qui, malgré les remises en cause qui intervinrent très tôt, restent encore aujourd'hui dans de nombreux domaines des acquis à défendre.

 

C'est cette volonté de transmettre cette mémoire qui a fondé notre opposition à toute idée de «  journée unique du souvenir  » qui aurait pour conséquence d'escamoter la spécificité antifasciste du combat que menèrent les Résistants, les Français libres et les Alliés contre le fascisme, qui motive notre opposition à l'instauration du 11 novembre comme journée d'hommage aux victimes de tous les conflits, qui fonde notre volonté de développer notre lutte pour obtenir au plus tôt l'instauration d'un Journée Nationale de la Résistance, le 27 mai, moment privilégié de la mémoire aux jeunes génération.

 

2013, 2014, 2015 seront des années marquantes pour la mémoire, l'Anacr sera activement présente à ces rendez-vous pour continuer le combat antifasciste qu'elle n'a cessé de mener depuis 60 ans, pour faire connaître, garder vivantes aujourd'hui, pour faire vivre demain les espérances de la Libération et de la Victoire.

 

Pour mener ce combat antifasciste, l'Anacr, dont le pluralisme est fondateur et consubstantiel, est par là-même de cadre permettant à toutes celles et ceux, de toutes opinions démocratiques, que révoltent le fascisme, la xénophobie, le racisme et le bellicisme de se rassembler, au-delà de leur différences de conception de la société, d'opinions philosophiques ou de croyances, autour des valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques de la Résistance.

 

Pour mener ce combat, renforcer l'Anacr est une nécessité.