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MORTS A BIR HAKEIM : Jean DEVÉ

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Jean Devé, né à Brest, le 4 février 1897, a été engagé volontaire dans un régiment de Cuirassiers, il a pris aux combats de la guerre 1914.1918 et a été breveté pilote juste avant l'armistice de novembre 1918. Après la guerre, il entrait dans les chemins de fer, et devenait chef de district à Villedieu Les Poëles ( 50).
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Mobilisé en
septembre 1939 comme lieutenant, mais considéré comme trop âgé pour servir en tant que pilote, il recevait une affectation dans les chemins de fer de campagne.
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Deux jours après l'armistice de
juin 1940, il n'hésitait pas, malgré son âge, à rejoindre le général de Gaulle à Londres pour poursuivre la lutte. Engagé dans les Forces françaises libres, sous le nom de Dewey, il y recevait un emploi dans un état-major mais demandait rapidement une mutation à la Légion étrangère.
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Affecté comme lieutenant, chef de section, à la 13e Demi-brigade de Légion étrangère ( 13e DBLE), il prenait part à l'
expédition de Dakar en septembre 1940.
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Il participait ensuite à la
campagne d'Erythrée, où il s'emparait d'une batterie de montagne et déminait la voie ferrée de Massaoua à Asmara sur 80 kilomètres. Se servant de ses qualités professionnelles, il ne tardait pas à ouvrir la ligne aux automotrices franco-britanniques, transportant hommes et équipement.
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Lors de la
prise de Massaoua, il s'emparait , avec six hommes, d'un nid de mitrailleuses servi par vingt Italiens. Jean Dewey prenait part ensuite à la campagne de Syrie enjuin 1941 et aux opérations en Libye avec la 1ère Brigade française libre du général Koenig.
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A
Bir-Hakeim, il commandait la section des chenillettes Bren Carriers de la 9e Compagnie du 3e Bataillon de la 13e DBLE. Du 25 mai au 5 juin 1942, il participait aux patrouilles au nord de la position.
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Dans la nuit du
10 au 11 juin 1942, lors de la sortie de vive force de la position de Bir Hakeim, la section des chenillettes Bren Carriers du lieutenant Dewey était chargée, dans la nuit, d'ouvrir la voie aux convois d'ambulances.
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Jean Dewey se distinguait à cette occasion en chargeant lui-même à trois reprises des mitrailleuses ennemies échelonnées qui gênaient le convoi des blessés. Il neutralisait les mitrailleuses mais il était tué sur le coup en recevant de plein fouet un obus antichar. Il avait 45ans. Toutefois, son action avait dégagé la voie. Sous la conduite du général Koenig les unités encore bloquées se ruaient dans la brèche.
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Par décret du 11 mai 1943, il était fait Compagnon de la Libération
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Voici le récit que fit le FFL Gravier embarqué à côté de Dewey
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« La traversée des lignes allemandes se fait sans encombre. Dewey tire avec son FM.
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Le passage d'une tranchée a failli être fatal. Les lignes allemandes franchies, une pause. La section est complètement dispersée dans le noir. Or on voit, vers la sortie, un véhicule qui brûle en éclairant tout le paysage, et il y a, là à droite, un canon de 50 qui tire sur tout ce qui sort et oblige les conducteurs à s'éloigner des lueurs en pénétrant dans le marais de mines. Il faut détruire ce canon.
Gravier donne l'ordre à Dewey de faire demi-tour, le Bren retraverse les lignes et se trouve nez à nez avec le canon.
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Dewey saisit une grenade et se lève pour la lancer,Gravier reprend le FM et tire en fauchant. Les Allemands sont tués, mais ils ont tiré en même temps. Leur obus éclate sur le blindage,Dewey s'écroule, tué sur le coup, Gravier a reçu une vingtaine d'éclats dans la figure, l'œil droit crevé. IL faut dégager Dewey qui bloque les leviers de commande, mais ceci fait, le Bren refuse de repartir. Gravier, en sang, s'allonge sur le sol pour récupérer, tandis que le conducteur et son compagnon s'en vont vers leur salut... »
D’après les indications contenues sur le site : Rail et mémoire .
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Voici l’hommage que Pierre Messmer rendit à Jean Devé à l'occasion du 40e anniversaire de la bataille de Bir Hakeim,
Il était arrivé en Angleterre dès le mois de juin 1940, venant de France pour s'engager aussitôt dans les Forces Françaises Libres, sous un nom tellement faux, qu'on ne savait pas comment l'écrire, Devet, Devey ou, à l'anglo-saxonne, Dewey: finalement, on s'était décidé pour l'orthographe phonétique, Devé.
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Il approchait la cinquantaine puisque, en
août 1914, il avait pris part à la bataille de Charleroi, à cheval avec un régiment de cuirassiers dans lequel il accomplissait depuis deux ans son service militaire. Ensuite, quatre ans de guerre dans l'infanterie qu'il finit avec le galon d'adjudant et quelques cicatrices. Après sa démobilisation, il était entré aux chemins de fer, (on ne disait pas encore SNCF), au service de la voie et était devenu militant syndicaliste, refusant d'être permanent parce qu'il détestait les bureaucrates civils et militaires. Devé y avait gagné une réputation de communiste, qu'il n'était pas, et de "dur" qu'il était vraiment, bien qu'il s'en défendît.
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A Londres, en raison de son âge, on l'avait affecté, contre son gré, à la
compagnie du Quartier Général. Il s'y rendit volontairement insupportable au point qu'il obtint, après quelques mois, sa mutation à la 13e demi-brigade de Légion étrangère. C'est ainsi que je fis sa connaissance, en 1941, quand, vieux lieutenant, il rejoignit la compagnie que je commandais.
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Nous avons tout de suite compris que son expérience des combats à la mitraillette et à la grenade dépassait largement la nôtre et aussi sa connaissance de la mécanique auto qui étonnait jusqu'aux spécialistes.
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Naturellement, ce fut
Devé qui reçut le commandement d'une section de bren carriers” (petits véhicules à chenilles, légèrement blindés, destinés au transport d'une équipe de fantassins servant un fusil mitrailleur "bren gun") quand la première brigade fut envoyée en Libye. Son esprit combatif et son goût de la mécanique l'incitèrent à monter sur deux des sept "carriers" de sa section des canons de 25 antichars qui servirent peu au combat mais beaucoup pour augmenter la fierté de ses légionnaires et plonger les Anglais dans un ébahissement profond.

Ci dessous un exemple de Bren carriers

 

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(http://www.dday-overlord.com/universal_bren_carrier.htm)
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A Bir Hakeim, Devé était connu pour les remarquables travaux d'organisation du terrain, qu'il fit exécuter par sa section, peut-être les meilleurs de toute la position.
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Son expérience de la guerre 14-18 lui avait beaucoup appris. Il commença par aménager, pour les "carriers", des garages semi-enterrés avec annexes enterrées pour loger l'équipage et les réserves d'essence, de vivres, de munitions.
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Il se lança ensuite dans un projet grandiose, resté inachevé, d'un abri collectif creusé à cinq mètres de profondeur dans le roc, à l'épreuve - disait-il - de tous les calibres d'artillerie et de toutes les bombes d'avion. Quoi qu'il en soit, sa section ne perdit ni un homme ni un véhicule du fait des bombardements d'artillerie et d'aviation.
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Le siège offrit à
Devé la grande bataille qu'il attendait et qu'il désirait, par patriotisme et aussi peut-être pour des motifs personnels: malgré son silence, il était facile de comprendre qu'il n'attendait plus rien de la vie.
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Pendant les derniers jours, sa section, que le
général Koenig avait gardée en réserve à sa disposition, fut engagée dans presque toutes les contre-attaques.
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Pour la sortie, avec les cinq équipages survivants
Devé reçut la mission d'ouvrir une brèche dans les lignes allemandes. A côté du pilote, debout pour mieux voir, il lança son propre "carrier" contre deux emplacements de mitrailleuses qu'il écrasa, successivement.
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Il voulut alors s'attaquer à un canon, antichar : le morceau était trop dur et, à vingt mètres,
Devé fut tué et le "carrier" détruit. Son équipage le vengea en liquidant à la grenade l'équipe de pièce allemande.
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(
Pierre Messmer, Espoir, septembre 1982)

BIR HAKEIM

 

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Photo extraite du site:

http://francaislibres.over-blog.com/article-rfi-l-histoire-et-le-periple-du-deuxieme-bataillon-de-marche-de-l-oubangui-chari-63596609.html