Joseph ROLLO et le réseau LIBÉRATION NORD

 

Quand la guerre éclata, Joseph ROLLO, né le 11 janvier 1891 à Vannes, était directeur de l'école du quartier de la Gare à AURAY.

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Il était connu comme militant syndicaliste et membre de la S.F.I.O. Il était devenu en 1924 secrétaire du Burau National du Syndicat Unitaire de l'enseignement puis s'était voué à la réalisation de l'unité syndicale. Après la fusion des deux grandes centrales syndicales, il était entré au bureau national du S.N.I. où il assumait la fonction de secrétaire à la Défense Laïque.

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Quand la dissolution du S.N.I. est imposée par Pétain, Joseph Rollo décide avec trois autres responsables, dont René DERVOUT instituteur à Camors, de garder les fonds de l'organisation départementale et de travailler à la reconstruction du syndicat. Georges LAPIERRE , secrétaire général “clandestin” du S.N.I le fait entrer dans le réseau de Gilbert RENAULT, colonel “Rémy”.

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Quand Lapierre est arrêté, en février 1943, René BONISSEL vient à Auray lui demander de prendre la succession de ce dernier . Joseph Rollo accepte et se rend dès lors souvent à Paris pour rencontrer les militants du comité directeur ou dans d'autres départements pour essayer de réunir des petits groupes de camarades sûrs. C'est lui qui rédige “l’ Appel aux instituteurs de France “ pour les inviter à ne pas désespérer, à ne pas se croire isolés, à rechercher les moyens de participer à la Résistance. Lu au micro de la B.B.C., ce texte a un retentissement profond.

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Entré dans le mouvement “Libération Nord” en mars 1943, sous le pseudonyme de « Réal»,il est chargé d'organiser la moitié ouest du département où il va entreprendre sur une grande échelle le recrutement des patriotes, qu’il visitait régulièrement, se déplaçant à bicyclette, presque chaque jour après sa classe.

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Il confie à son ami, René Dervout, le secteur qui s'étend d'Auray à Pontivy, à des amis socialistes de Pontivy, celui de cette ville et de la région avoisinante et à Jean LE COUTALLER, alias “Camille”, instituteur à Persquen, tout le secteur situé à l'ouest de Pontivy. Lui-même se charge d'Auray et de la région comprise entre cette ville et Hennebont, de la R.N. 165 à la côte.

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Conjointement avec Francis LE PENVEN, Armand LE BÉRIGOT( ancien gendarme, alias “ Cadoudal”), il recrute des officiers et des sous-officiers de carrière ou de réserve capables d'encadrer les futurs soldats d'une armée insurrectionnelle et au début de septembre 1943, trois sections d'une cinquantaine d'hommes sont ainsi mises sur pied encadrées par trois sous-officiers de carrière : GOUGAUD, LIZIARD et KÉRAUDAN.

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En janvier 1944, Joseph Rollo participe en outre à la constitution du comité départemental de Libération .Les groupes de «LibéNord» sont intégrés à l'Armée secrète,alors dirigée par Paul CHENAILLER alias “ Morice”. Quand Joseph Rollo, apprend, le 21 mars, que son ami François LE LEVÉ, secrétaire général de la C.G.T clandestine, et membre, comme lui, du comité départemental de Libération, vient d'être arrêté, il se sent en danger.

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Il le dit quelques jours plus tard à René Bonissel, aux « Deux Magots » au cours d'un voyage à Paris et encore le jeudi 30 mars à René Dervout qui lui propose de se cacher chez le meunier de Pont-Fao en Camors, dans le refuge qu'il s'est préparé pour lui-même en cas de besoin.

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Il sent qu'on l'espionne et pourtant il répond : « Il faut que je rentre ; je n'ai pas encore le droit de partir ». Il est arrêté le lendemain, le 31 mars 1944, par le SD . Incarcéré à Rennes, puis à Compiègne, il est déporté au KL Neuengamme, le 28 juillet 1944. Lors de l’évacuation du camp, il décède le 8 avril 1945 à Sandbostel. Il avait 54 ans. Ce convoi du 28 juillet 1944 était formé de 1651 hommes, dont 1042 vont mourir ou disparaître dans les camps nazis.

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Se trouvait également dans ce convoi, son ami François Le Leve ( matricule 39879) né le 13 novembre 1882 à Riantec . Celui-ci , entré comme apprenti chaudronnier à l’arsenal de Lorient, où il fera tout sa carrière, syndicaliste, avait pris sa retraite en 1938 . Au moment de la guerre, s’occupant de la Bourse du Travail à Lorient, il a contribué à la reconstitution de la C.G.T clandestine. François Le Levé décède à Neuengamme le 20 janvier 1945 : il avait 62 ans .

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Selon Roger le roux, les compagnons de déportation de Joseph Rollo diront à leur retour son attitude admirable de courage, de dignité, de foi dans l'avenir de l'humanité. “Joseph Rollo, idéaliste et homme d'action, restera l'une des plus nobles, des plus pures figures de la Résistance Morbihannaise”

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Document établi par Katherine LE PORT d’après l’ouvrage de Roger LE ROUX “ Le Morbihan en guerre”

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Complément d'infos : le camp de prisonniers de SANDBOSTEL
(cliquez sur le texte)