Il y a 70 ans se déroulait à RIOM
Il y a 70 ans se déroulait à RIOM du 19 février au 15 avril 1942 un procès pour « juger les ministres, les anciens ministres ou leurs subordonnés immédiats (...) accusés d'avoir trahi les devoirs de leur charge dans les actes qui ont concouru au passage de l'état de paix à l'état de guerre avant le 4 septembre 1939 et dans ceux qui ont ultérieurement aggravé les conséquences de la situation ainsi créée » les crimes énumérés dans l’acte d’accusation étant définis rétroactivement, ce qui était contraire à tous les principes juridiques français et internationaux.
Parmi les accusés, se trouvaient notamment :
Léon BLUM, ancien président du Conseil du Front populaire ; Édouard DALADIER, ancien ministre de la Guerre et Président du Conseil de 1938 à 1940
La loi instaurant la semaine de 40 heures de travail fut présentée comme une des fautes des gouvernements de l'ancien régime de la IIIe République. Les congés payés et les nationalisations furent dénoncés. La faiblesse dans la répression des « éléments subversifs et révolutionnaires » fut également présentée comme une faute. Autant de raisons, selon Vichy, de condamner les accusés.
Léon Blum défendit la politique menée durant sa présidence du Conseil. Léon Blum défendit également la mémoire des militants communistes. Il fit notamment référence à Jean-Pierre Timbaud, un des fusillés de Chateaubriand : « J'ai été souvent en bataille avec lui. Seulement, il a été fusillé et il est mort en chantant la Marseillaise... Alors, en ce qui concerne le PCF, je n'ajouterai rien ».
Voici quelques strophes du poème par lequel Louis ARAGON, évoqua le combat de Jean-Pierre THIMBAUD, syndicaliste, militant communiste, fusillé à CHATEAUBRIAND, le 22 octobre 1941, avec 26 autres de ses camarades, dont Guy Moquet:
Et s'il était à refaire Je referais ce chemin Une voix monte des fers Et parle des lendemains
On dit que dans sa cellule Deux hommes cette nuit-là Lui murmuraient "Capitule De cette vie es-tu las ?
Tu peux vivre tu peux vivre Tu peux vivre comme nous Dis le mot qui te délivre Et tu peux vivre à genoux...... .....
Et si c'était à refaire Je referais ce chemin La voix qui monte des fers Parle aux hommes de demain .....
Je meurs et France demeure Mon amour et mon refus O mes amis si je meurs Vous saurez pour quoi ce fut
....Et si c'était à refaire Je referais ce chemin Sous vos coups chargés de fers Que chantent les lendemains
Il chantait lui sous les balles Des mots “sanglant est levé” D'une seconde rafale Il a fallu l'achever
Une autre chanson française A ses lèvres est montée Finissant la Marseillaise Pour toute l'humanité
En l’honneur de cet homme politique qui n’a rien cédé devant les collaborateurs de l’Etat Français de PETAIN nous tenons à citer intégralement la conclusion de la “ plaidoirie” qu’il présenta pour sa défense :
Messieurs, j’ai achevé. Vous pourrez naturellement nous condamner. Je crois que, même par votre arrêt, vous ne pourrez pas effacer notre œuvre. Je crois que vous ne pourrez pas – le mot vous paraîtra peut être orgueilleux – nous chasser de l’histoire de ce pays.
Nous n’y mettons pas de présomption, mais nous y apportons une certaine fierté : nous avons dans un temps bien périlleux, personnifié et vivifié la tradition authentique de notre pays, qui est la tradition démocratique et républicaine.
De cette tradition, à travers l’histoire, nous aurons, malgré tout, été un moment. Nous ne sommes pas je ne sais quelle excroissance monstrueuse dans l’histoire de ce pays, parce que nous avons été un gouvernement populaire. Nous sommes dans la tradition de ce pays depuis la Révolution Française.
Nous n’avons pas interrompu la chaîne, nous ne l’avons pas brisée, nous l’avons renouée et nous l’avons resserrée.
Naturellement, il est facile quand on dispose de tous les moyens qui agissent sur l’opinion de défigurer notre œuvre, comme on peut défigurer notre personne, notre visage.
Mais la réalité est là et elle se fera jour. La durée de l’effort humain ne commande pas le rendement d’un appareil industriel, le loisir n’est pas la paresse .
La liberté et la justice n’ont pas fait de la patrie une proie désarmée : avec les ilotes on ne fait pas plus des ouvriers que des soldats.
Qu’il s’agisse de manier l’outil ou de manier l’arme, ce sont la liberté et la justice qui engendrent les grandes vertus viriles, la confiance, l’enthousiasme et le courage.
Quand on nous dit : « Vous avez eu tort, il fallait agir autrement » on nous dit nécessairement, forcément, « il fallait briser et trahir la volonté exprimée par le peuple ».
Nous ne l’avons ni trahie, ni brisée par la force, nous y avons été fidèles. Et Messieurs, par une ironie bien cruelle, c’est cette fidélité qui est devenue une trahison. Pourtant cette fidélité n’est pas épuisée, elle dure encore et la France en recueillera le bienfait. Dans l’avenir nous plaçons notre espérance et que ce procès, ce procès dirigé contre la République, contribuera à préparer”.