Cher Monsieur le Curé
Ce matin même à neuf heures un de vos jeunes paroissiens, Joseph Jamo, 23 ans a été fusillé au polygone de Vannes avec deux.autres camarades originaires d'Hennebont et de Saint Gérand.
Je n'ai pas eu l'autorisation de les accompagner jusqu'au poteau d'exécution mais toute liberté m'a été donné pour les voir un à un dans leur cellule pour les préparer au suprême sacrifice.
J'ai la grande consolation de vous dire qu'après s'être confessé, notre pauvre jeune homme s'est préparé à la mort avec une résignation parfaite, avec un abandon total à la volonté de Dieu et a un courage pleinement chrétien. Son calme m'a vraiment touché.
Après l'avoir communié, je lui ai remis un chapelet indulgencié, un petit crucifix, une médaille du scapulaire et une autre de sainte Anne. Il les portait au cou, quand en bras de chemise, il marchait à la mort. Je l'ai accompagné jusqu'à la voiture qui l'emmenait au champs de tir. Je lui ai donné une dernière absolution et l'ai embrassé au nom de ses parents. Que ces pauvres parents à qui vous voudrez bien avoir la charité de transmettre les renseignements que je viens de vous donner et que vous même vous consoliez dans la certitude que ce cher enfant est mort dans la paix de Dieu.
En recommandant mon difficile ministère à vos bonnes prières, je vous prie d'agréer, cher Monsieur le Curé l'assurance de mes sentiments