DIMANCHE 26 MAI 2013


Ville de LANESTER

Allocution de Jean MAURICE Vice-Président de l'ANACR

Au nom de la Résistance

Mme Le Maire, Conseillère Générale,
M. Le Député,
Mmes, Mrs Les Maires, Mmes et Mrs Les Elu(es)
Mrs Les Présidents d'Associations d'Anciens Combattants, Mesdames, Messieurs,

Nous voici réunis en ce dimanche 26 Mai 2013 pour commémorer le 7Qeme anniversaire de la création du C.N.R. (Comité National de la Résistance) .

Pour la 1er fois dans l'Europe occupée, s'était réuni un mini parlement clandestin où étaient représentés sous la présidence d'un Ministre délégué par la Résistance extérieure les mouvements de la résistance intérieure et les tendances politiques d e s communistes aux nationalistes et les représentants syndicaux.

Pour De Gaulle, ce ralliement a été décisif notamment parce qu'il a permis de marginaliser le Général Giraud, l'homme des Américains à Alger. Cette réunion se déroulait dans Paris occupé le 27 mai au 48 de la rue du Four sous la présidence de Jean MOULIN.

Mais qui était Jean MOULIN ?

Le Préfet Jean MOULIN est né le 20 Juin 1899 à Béziers, issu d'une famille d'universitaire engagée. En 1930, il entre dans l'administration du Ministère de !'Intérieur et devint le plus jeune Sous-Préfet de France. Chef de cabinet de Pierre Cot, Ministre de l'Air du Gouvernement du Front Populaire, il fit partie de ceux qui tentèrent de venir en aide aux Républicains Espagnols.

Sous-Préfet de Châteaulin puis nommé Préfet de Chartres en 1940, il refusa de signer à la demande de l'occupant, une déclaration accusant à tort les tirailleurs sénégalais d'avoir commis des exactions. Il tenta de se suicider afin de ne pas commettre un acte déshonorant.

Le gouvernement de Vichy le révoqua le 2 Novembre 1940. Rejoignant De Gaulle à Londres en 1941, il lui fit un compte rendu aussi précis que possible sur la Résistance en France. Parachuté en Provence dans la nuit du 31 Décembre 1941 au ter Janvier 1942, Jean MOULI N fit un travail considérable administration, opérations de parachutage, un bureau d'information et de presse confié à Georges Bidault, un comité général pour la préparation de la réforme après la libération du territoire ainsi qu'un organisme chargé du noyautage de l'administration publique.

Tout ceci ne s'est pas déroulé sans de très vifs conflits avec Henri Fresnay, fondateur du Journal Combat qui souhaitait garder son indépendance.

Infatigable trait d'union entre la France libre et la Résistance intérieure, il revint à Londres en Février 1943, investi d'une nouvelle mission, celle de constituer un organe politique représentatif de toutes les tendances de la Résistance.

La Gestapo et la milice pétainiste, très bien renseignées sur les activités de la Résistance et suite à des trahisons, arrêtèrent le 9 Juin 1943 le Général Delestraint, chef de l'armée secrète, général en retraite, spécialiste des chars, patriote irréprochable qui n'avait aucune accointance avec Vichy.

Quelques jours plus tard, alors qu'une partie du Conseil National de la Résistance se réunissait à Caluire près de Lyon, la Gestapo du sinistre Klaus Barbie arrêta Jean MOULIN et ceux qui l'entouraient. Quelques semaines plus tard, il devait mourir sous les pires tortures.

« La disparition de Jean MOULI N eu t d e graves conséquences, il était de ceux qui incarnent leur tâche et qu'à ce titre on ne remplace pas » déclara le Général de Gaulle.

Il y a donc 70 ans demain, lundi 27 Mai, que se réunissait ce même parlement de 16 membres dans Paris occupé depuis près de 3 ans, quadrillé par l'armée nazie avec le concours des forces de répression du régime collaborateur avec l'occupant que présidait Pétain et sur les murs desquels, comme sur ceux d ' autres Villes de France, étaient apposées des affiches bilingues annonçant l'exécution de patriotes, que désormais la population appelait des Résistants.

Même si ses participants n'en ont alors pas eu pleinement conscience, leur réunion était un moment historique à son issue, naîtra sous la présidence de Jean MOULI N, le Conseil National de la Résistance (le C.N.R.). L'événement sera en effet de portée considérable : toutes les forces de la Résistance, jusque-là dispersées, vont être désormais coordonnées, il ouvre la voie à l'unification au sein des F. F. I. des différentes structures militaires de la Résistance, il va conduire à l'élaboration puis à la publication 10 mois plus tard, en Mars 1944, du Programme du Conseil National de la Résistance.

Evènement de portée considérable puisque, lors de sa réunion constitutive, le Conseil National de la Résistance, en se plaçant sous l'autorité du Comité National Français présidé par le Général de Gaulle, va permettre au chef de la France Libre de s'affirmer face à Giraud - porteur d'un pétainisme sans Pétain non sans audience auprès des Anglo-américains­ comme le seul représentant de l'ensemble de la France combattante, tant en lutte de Résistance sur le sol national occupé que combattant sur tous les théâtres d' opération d'Europe, d'Afrique, d'Asie et du Pacifique, où s'illustraient aux côtés des Alliés les Français libres.
Patriotisme, humanisme, idéaux démocratiques et aspiration à une société solidaire, à un monde juste et en paix, furent les valeurs qui motivèrent l'engagement des Résistantes et des Résistants dans le combat contre l'occupant nazi et le régime pétainiste complice de ses crimes, combat convergeant avec celui des Français libres et prenant sa place dans la lutte des peuples et des forces alliées contre la barbarie génocidaire et liberticide.

Ce furent les valeurs inspiratrices du Programme du Conseil National de la Résistance qui dessina les contours d'une France rénovée après sa Libération, d'une France démocratique sur les plans politique, économique et social, d'une France solidaire ; programme qui, par la mise en place à la Libération par le Gouvernement présidé par le Général de Gaulle par le nombre des mesures qu'il préconisait, permit de redresser économiquement la Fr an ce , d ' affirmer son indépendance nationale, d'approfondir sa vie démocratique en même temps que des avancées formant encore aujourd'hui - malgré des remises en cause accentuées ces dernières années le socle de notre protection sociale.

68 ans après la victoire du 8 Mai 1945 des peuples et des armées alliées sur la barbarie du nazisme et des fascismes, le m on d e contemporain connaît hélas toujours la guerre, l'oppression, le racisme, les discriminations et épurations ethniques, les persécutions religieuses, le sous-développement social et culturel de populations entières.

Dans ce contexte, les valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques pour lesquelles luttèrent les Résistants et que symbolisent les figures emblématiques de Jean MOULIN et du Général De Gaulle, cette aspiration à une France et à un monde meilleur, plus juste et solidaire dont ils furent porteurs, et qu'a exprimé le Programme du Conseil National de la Résistance, restent plus que jamais d'actualité.
C'est pour assurer leur nécessaire transmission aux jeun es génération s, pour répondre à leur besoin de connaissance, de repères et de mémoire qu'avec !'Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(es) de la Résistance, qui fut il y a une vingtaine d'années à l'origine de sa proposition et n'a cessé depuis de lutter pour sa réalisation, nombre d'autres Associations d'Anciens Résistants, d'Anciens Déportés et du monde combattant, I'UFAC (Union Française des Associations de Combattants) ont demandé l'instauration d'une Journée Nationale de la Résistance le 27 Mai.

Le 28 Mars 2013, le Sénat a adopté, dans une quasi-unanimité (346 pour, sur 348 voix) la proposition de Loi n° 350 relative à l'instauration du 27 Mai comme Journée Nationale de la Résistance, proposition présentée par Jean-Jacques Mirassou et les membres du Groupe Socialiste et apparentés.
Les articles de la Loi n° 350 répondent en effet en tous points aux attentes des adhérents de I 'ANAC R et plus particulièrement de ceux'· d' entre eux qui ont combattu l'occupant nazi :

Article 1er : La République française institue une Journée Nationale de la Résistance.

Article 2 : Cette journée, ni fériée, ni chômée, est fixée au 27 Mai, jour anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance.

,Article 3 : Dans le cadre de cette journée anniversaire, les établissements d'enseignement du second degré sont invités à organiser des actions éducatives visant' à assurer la transmission des valeurs de la Résistance et de celles portées par le Programme du Conseil National de la Résistance.

De plus, les motifs développés au soutien de cette proposition de Loi, comme les débats au Sénat, ont montré que les Elu(es) de la Nation de cette chambre s'accordaient pour reconnaître que « la fondation du Conseil National de la Résistance a rend u possible la contribution décisive de la Ré sis tance intérieure à la libération de notre pays . Il a également permis de jeter les bases d'un nouveau contrat social à l'ambition révolutionnaire, qui fond e encore aujourd'hui notre République. La modernité du Programme du Conseil National de la Résistance demeure entière ».

Or, le 10 Octobre 2012, une proposition de Loi analogue à celle que viennent de voter les Sénateurs a été déposée par Jean ­ Jacques Candelier et le Groupe d e s Député s Communistes et apparentés.

Ainsi, toutes les conditions paraissent réunies pour que soit concrétisée dans les textes dans les semaines à venir l'instauration de cette journée.

Nous espérons, M. Le Député, que cette Loi sera adoptée par l'Assemblée Nationale et que 2014 connaisse enfin le 27 Mai, Journée Nationale de la Résistance