Intervention de Mme Émilienne Poumirol

rapporteure de la commission de la défense nationale et des forces armées, née en 1950, députée socialiste de Haute Garonne .


Pourquoi instituer une journée nationale de la Résistance, alors que plusieurs rendez-vous du calendrier commémoratif sont aujourd’hui liés au souvenir de la Seconde Guerre mondiale ? Tout simplement parce que, aujourd’hui, aucun de ces rendez-vous ne permet d’en restituer tout le message.

Bien sûr, l’appel du 18 juin, par exemple, constitue un événement fondateur, mais il symbolise avant tout la naissance de la Résistance extérieure. Il constitue un appel aux forces combattantes à rallier l’Angleterre, mais non à préparer le retour d’un gouvernement légitime.....

Aussi, afin que l’hommage rendu à la Résistance ne soit pas soumis aux aléas des dates anniversaires ou des circonstances politiques, il importe de l’inscrire dans la loi comme un événement en soi : c’est ce que fait cette proposition dans son article 1er.

Pourquoi le 27 mai. ?....Pour la première fois, se sont réunis, sous la présidence de Jean Moulin, les représentants de toutes les tendances politiques, de deux syndicats ouvriers et des différents mouvements de résistance, Nord et Sud. Lors de cette réunion, seront adoptées à l’unanimité la répudiation de « la dictature de Vichy, ses hommes, ses symboles, ses prolongements » et la reconnaissance d’un gouvernement provisoire confié au général de Gaulle.....Selon les mots de Jean Moulin, le 27 mai constitue « la première réunion d’une assemblée représentative de la France depuis la trahison de l’Assemblée nationale, le 10 juillet 1940 »......Cette unification de la Résistance a évité à la France les déchirements, trop souvent observés, des lendemains de guerre, comme ce fut le cas en Grèce ou en Yougoslavie, où l’obstination de chaque vainqueur ne permit pas de reconstruire un projet pour tous.....

Cette réunion de la rue du Four préparait donc la suite.... le programme du Conseil national de la Résistance, adopté à l’unanimité le 15 mars 1944.....L’œuvre du CNR tient donc aussi très largement au programme d’action qu’il établit et aux grandes réformes de l’après-guerre qu’il imagine. Il n’est plus question, comme en 1918, de « retour à la normale » mais bien de l’instauration d’un « ordre social plus juste » : prééminence des droits humains, droit à l’emploi, liberté syndicale, sécurité sociale, égalité d’accès à l’enseignement et à la culture.Ces éléments sont aujourd’hui encore au sommet de notre ordonnancement juridique. Ils font partie du bloc de constitutionnalité, et chacun d’entre nous, législateurs, doit s’y conformer.

Cette proposition de loi veut rendre hommage à ces deux messages forts de la Résistance, l’union pour le salut et l’affirmation de la dimension fraternelle et égalitaire de notre République. C’est en ce sens qu’un très large accord existe pour fixer la journée nationale de la Résistance au 27 mai, comme le fait l’article 2. Je rappelle qu’aucune des personnes auditionnées n’a mis en doute la légitimité de cette date ou suggéré une date alternative......[Cette proposition de loi] ... ne prétend pas non plus graver dans le marbre la nature de l’hommage. Elle laisse au contraire une grande liberté dans l’organisation de cette journée ; il appartiendra au Gouvernement de définir chaque année la façon dont il conçoit cette journée. Les lieux de mémoire ne manquent pas.....

Mais plus que l’organisation d’une cérémonie nationale, cette proposition de loi vise, dans son article 3, à associer les établissements scolaires au souvenir de la Résistance.....C’est même, pourrait-on dire, l’aspect essentiel du texte. La Résistance est abordée à trois reprises dans les programmes scolaires, en troisième, en première et en terminale.


Il ne s’agit pas d’ajouter un nouveau chapitre à ces programmes, mais d’inviter les enseignants de ces classes à se servir de cette journée pour évoquer avec leurs élèves la Résistance et ses valeurs.....Il reviendra aux enseignants de choisir les initiatives qu’ils jugent les plus adaptées à cette transmission.


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