Intervention de M. Jean-Jacques Candelier

né en 1945, député communiste du Nord

Les parlementaires communistes, au cours des législatures successives, ont toujours défendu cette mesure. Je vous renvoie à la proposition de loi déposée au Sénat le 28 octobre 2007 par Guy Fischer, ou encore à la proposition de loi déposée en octobre 2012 par les députés du Front de gauche, dont moi-même....La date du 27 mai, marquant le début du processus politique de libération du pays, fait l’unanimité. Elle symbolise non seulement l’unification de la Résistance, mais également la volonté de libérer la France par une participation active du peuple français, à travers les Forces françaises de l’intérieur. C’est le 27 mai 1943 que la Résistance, unifiée sous la houlette de Jean Moulin, a exprimé la volonté de trouver, dans sa diversité, le chemin d’une unité patriotique tendant vers un idéal commun.

Cette journée nationale sera dédiée aux valeurs de la Résistance et au souvenir des héros qui ont eu le courage de refuser la capitulation, la collaboration et l’occupation nazie – occupation qui fut particulièrement inhumaine, je le précise à l’attention de certains élus d’extrême droite. Ces résistants, qui faisaient surtout partie de la classe ouvrière, quand la majorité de la droite et du patronat avait fait le choix de la collaboration, ont redonné à la France son identité, bafouée par Vichy. Avec ce texte, nous disons aux jeunes générations qu’il ne faut jamais oublier celles et ceux qui ont fait, au péril de leur vie, le choix de la liberté et de l’honneur. Par leur engagement, ces femmes et ces hommes ont permis d’offrir un avenir à nous tous. Si chacune et chacun d’entre eux mérite, certes, un hommage pour ses qualités personnelles inestimables, c’est également la France du collectif que nous honorons.

L’action des résistants a traduit le principe selon lequel l’avenir des hommes appartient d’abord aux hommes eux-mêmes....Célébrer le 27 mai, c’est également célébrer la vivacité du programme du CNR..... qui constitue le socle de notre modèle social, que les libéraux et les réactionnaires s’acharnent encore aujourd’hui à démanteler.Nous gardons en mémoire les déclarations de Denis Kessler, numéro deux du MEDEF, affirmant qu’il fallait « défaire méthodiquement le programme du CNR ».

Une telle offensive avait suscité l’émoi de résistants [ Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Stéphane Hessel et dix autres de leurs compagnons d’armes] qui, le 8 mars 2004, avaient déjà appelé les jeunes générations « à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle. [...] Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? », s’interrogeaient-ils.

Ils ajoutaient : « les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers, qui menace la paix et la démocratie»
Au nom de quel dogme devrait-on aujourd’hui sacrifier les principes qui ont guidé l’élaboration du programme « Les jours heureux » ? Au nom de la dette ? Au nom de la compétitivité ? Au nom de la mondialisation ? Au nom de l’Union européenne ? Au nom du grand patronat ? Au nom des technocrates de la Cour des comptes ou de la Commission européenne ?.....

Le CNR appelait à « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie », et garantissant « le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ». Il prônait « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » et appelait à « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».

Oui, il faut redresser la France, en s’inspirant largement d’un programme actualisé du CNR ... qui revendiquait, je le rappelle, le « rôle central du monde du travail » dans la reconstruction d’une France libre et fraternelle.

Établir la centralité du monde du travail dans tous les domaines de la vie sociale, voilà un beau projet d’émancipation sociale.


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