Intervention de M. Christophe Léonard

né en 1971, député socialiste des Ardennes

Dans une époque où la souveraineté des citoyens européens est chaque jour bafouée par celles et ceux qui ont mené le monde à la plus grande crise financière depuis les années trente, dans une pulsion irresponsable de recherche effrénée du profit maximum, renforcée par un sentiment d’impunité de classe, non, le mépris du peuple à qui on fait payer la note sous le vocable technocratique « des nécessaires réformes structurelles » n’est pas la bonne réponse.

Au contraire, à l’heure d’une mondialisation non contrôlée, sans humanité ni éthique, oui, nous avons le devoir de faire honneur au souvenir du Conseil national de la Résistance et transmettre intact à nos enfants l’héritage de la France combattante du général De Gaulle.Oui, la résistance aux attaques ultra-libérales contre les valeurs de la République doit être notre nouvelle frontière. À cet égard, le programme du CNR demeure malheureusement d’une dramatique actualité. Qu’en est-il en effet de l’indépendance de la presse à l’égard des puissances d’argent prônée par le CNR quand l’information des citoyens est contrainte par la publicité et que nombre de médias sont aux mains de grands groupes industriels ?

Qu’en est-il de l’inviolabilité du domicile et du secret de la correspondance lorsqu’à l’heure du numérique nous sommes espionnés de toutes parts ? Sur le plan économique, qu’en est-il du programme du CNR pour l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie alors que les États sont dorénavant à la merci des agences de notations, pompiers pyromanes à la solde des fonds de pensions et des « fonds alternatifs », n’hésitant plus à poser des ultimatums aux États ?

Sur le plan social, qu’en est-il du programme du CNR pour l’instauration d’une sécurité sociale, d’une retraite par répartition, d’un niveau de salaire qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, d’un véritable droit du travail, d’un syndicalisme indépendant doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale quand la Commission européenne, obéissant aux injonctions des marchés et avec la complicité active de celles et ceux qui croient être les propriétaires de nos vies, s’évertue à démanteler avec application et pugnacité notre modèle social?

C’est pourquoi, au-delà de la nécessaire commémoration, inscrivons-nous dans la modernité du message du CNR pour y puiser la force du redressement dans la justice, la vérité du nouveau modèle français, l’inspiration d’une France à l’avant-garde humaniste du monde.

 

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