Ceux du BOA

- le 30 juin 1944: 18 résistants, qui, jugés à Rennes le 29 juin 1944 par le tribunal militaire allemand FK 748, furent fusillés dès le lendemain.
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2 d’entre eux originaires des Côtes du Nord : Léon Guilloux, FTP, arrêté à Morlaix : il avait 28 ans; Yves Martin, arrêté lors d’une rafle à Maël Pestivien : il avait 21 ans;
4 d’entre eux originaires du Finistère : Joseph Allain, FTP, arrêté le 7 mars 1944 à Landevant: il avait 20 ans; Jean Loyen, FTP : il avait 33 ans; Robert Pontet, FTP ( compagnie de Morlaix), arrêté à Rennes; Albert Van Hoevel , FTP ( compagnie de Morlaix), fait prisonnier pendant un combat contre des soldats allemands;
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3 d’entre eux arrêtés en Ile et Vilaine : Joseph Gautier, FTP; Emile Gernigon, FTP, arrêté le 26 mai 1944, devant sa femme et leurs 3 enfants, dans sa ferme, qui servait de dépôt d’armes; Georges Pian alias Pierre Lecuyer, FTP, appartenant au maquis de Saint-Ganton, arrêté le 6 juin 1944 à Bécherel : il avait 19 ans ;
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9 d’entre eux arrêtés dans le Morbihan : Henri Calindre, membre du réseau Vengeance et du Groupe Action- BOA de Ploërmel, arrêté le 22 février 1944: il avait 37 ans; Louis Cherel, membre du réseau Vengeance et du Groupe Action- BOA de Ploërmel, arrêté le 22 février 1944: il avait 24 ans; Pierre Chevalier, F.T.P membre du triangle de direction du C.M.R, arrêté le 22 mai 1944: il avait 21 ans; Lionel Dorléans, membre du réseau Vengeance et du Groupe Action- BOA de Ploërmel, arrêté le 22 février 1944: il avait 19 ans; Jacques Féret, F.T.P membre du triangle de direction du C.M.R, arrêté le 22 mai 1944: il avait 22 ans; Paul Hervy, membre du réseau Vengeance et du Groupe Action- BOA de Ploërmel, arrêté le 29 février 1944 à Josselin: il avait 18 ans; Jean Kerangouarec, F.T.P membre du triangle de direction du C.M.R, arrêté le 22 mai 1944: il avait 22 ans; Jacques Landuren , F.T.P membre du groupe de Landevant, arrêté le 7 mars 1944: il avait 24 ans; René Salomon , membre du réseau Vengeance et du Groupe Action- BOA de Ploërmel, arrêté le 22 février 1944: il avait 22 ans;
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Voici ce que nous savons de l’engagement dans la résistance de Henri Calindre, Louis Chérel, Lionel Dorléans, Paul Hervy et René Salomon et de leurs combats :
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Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1942, un avion britannique parachutait au dessus de l'étang au Duc, près de Ploërmel, à la demande du Colonel Passy, chef du B.C.R.A, la mission « Cockle » (« Coquillage »), dite « Mission aérienne Bretagne » (M.A.B.) pour organiser et armer la résistance à partir du centre de la Bretagne. Les deux hommes qui la composaient, porteurs de 500 000 F chacun, étaient Guy Lenfant, un ancien du réseau de la Confrérie notre Dame, crée par Gilbert Renaud, alias « Rémy », devenu agent du B.C.R.A, et un radio, originaire d'Auxerre, André Rapin, désigné comme M.A.B. W. Dés son arrivée, à Ploërmel, Guy Lenfant, qui avait habité dans cette ville, sollicitait l’ aide d’ un ami, Honoré Chamaillard, alias Nono, qu’il avait revu en prison à Vannes, en mars 1941. Ce dernier avait en effet été arrêté pour avoir, avec le mécanicien Louis Chérel, alias Petit Louis, remis sur le monument aux morts de la ville le coq terrassant l'aigle, que les Allemands avaient fait enlever au début de l'occupation.
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C’est ainsi qu’une section du Bureau des Opérations Aériennes ( B.O.A)était constituée à Ploermel à partir de janvier 1943 autour d’Honoré Chamaillard. Celui-ci avait plus particulièrement pour mission de rechercher des terrains de parachutages et des lieux pour constituer des dépôts d'armes. Il lui fallait également recruter un agent de liaison et des volontaires pour les opérations. Dans cette section, allaient se retrouver le lieutenant de gendarmerie Théophile Guillo, alias Chuais, et son fils Joseph, Louis Cherel, ainsi qu’ Henri Calindre, alias Mistringue, né à Ploërmel, le 21 mars 1907. Ce dernier y était secrétaire de Mairie, lorsqu’il fut mobilisé en 1939.
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Après sa démobilisation, en février 1942, il reprenait son poste à la mairie et y devenait chef du bureau de ravitaillement.Dans la résistance, celui-ci conservait son nom de scène, Mystringue, sous lequel, avant guerre, il présentait des pièces en patois qu’il interprétait lui-même.
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Henri Calindre appartenait égalementaux Corps Francs «Vengeance» (1) tout comme Lionel Dorléans, né le 30.11.1924, Paul Hervy, né le 8.02.1926 à Malestroit, et René - Guy Salomon, né le 7.12.1921 à Paris. Le père de ce dernier, grand mutilé de la guerre 1914.1918 était en effet un des responsables nationaux de ce mouvement, plus particulièrement chargé du recrutement et René Salomon, sous le pseudonyme de «Corentin», était agent de liaison, notamment avec La Bretagne. Ce réseau était issu, en janvier 1943 de l'éclatement du réseau de Renseignements «Turma» qui avait travaillé pour le Service de Renseignements Air de Vichy jusqu'à l'invasion de la zone Sud, le 11 novembre 1942.
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Pour le groupe B.O.A, à partir du mois de janvier 1943 Louis Cherel recrutait notamment Jean Garin, Henri Jego, Pierre Lerat, Jean Colin, Bernard Fortin, Mathurin Deriano, Michel Collobert et Emile Guimard de Lizio, ainsi que Pierre Mahieux. Dès février 1943, l'équipe de Ploërmel organisait une quinzaine de parachutages.
Le premier eut lieu sur le terrain "Pêche" à Quéhéon, ferme d'Eugène Garin. D'autres eurent lieu dans les environs, à Campénéac, Loyat, Guillac, Lizio.Les parachutages étant terminés, et les containers camoufles, il fallait ensuite transporter les armes, les inventorier et les cacher en lieux sûrs.L'inventaire des dépôts, dressé par Henri Calindre, était ensuite remis à Emile Guimard qui faisait la répartition des armes pour les autres groupes du Morbihan.
Parallèlement, en juillet 1943, Victor Oliveaux, alias Thomas, domicilié à Ploërmel, était recruté par le commandant Salomon et son fils «Corentin» .
Enfin, par l’intermédiaire de Chuais et du Commandant Guillaudot, alias Yodi, responsable de la «France Combattante» pour le Morbihan, des contacts furent également noués avec les membres du réseau «Service National Maquis» dirigé notamment par Pierre Ferrand, alias «Emile » et Henri Bouret. Ainsi , Joseph Guillo, fils du lieutenant Guillo et Louis Chérel furent amenés, fin 1943, à participer à des transports d’arme pour fournir le maquis de Poulmain dirigé par Louis Ferrand.
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A partir de janvier 1944, suite à une infiltration du réseau Turma par des agents de la Gestapo, la répression s’abattait sur les différents groupes Turma - Vengeance.
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Le 3 janvier 1944, le recteur de Pont-Aven, l'abbé Joseph Tanguy, l'un des premiers membres de «Vengeance»enBretagne, et son vicaire étaient arrêtés à la suite d'une dénonciation. LaGestapo parvenait à découvrir l’identité des chefs du mouvement.
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Le 6 février 1944, l'arrestation, à Quimper, du chef de région, Guy Faucheux alias Max et des frères Henri et Pierre Le Guennec alias Marc et Gildas décapitait Vengeance. Victor Oliveaux échappait aux recherches mais son père Firmin âgé de 76 ans, domicilié lui aussi à Ploërmel, était arrêté par les Allemands en lieu et place de son fils en fuite. Condamné à la déportation, il mourrait à l'hôpital de Tours où les Allemands avaient accepté de le faire soigner .
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Après l’attaque, le 10 février 1944, par des géorgiens encadrés par des officiers allemands, du maquis de Poulmain, la traque aux résistants se généralisait . Ainsi, la découverte sur un chantier à Caudan d'un dépôt d'armes constitué par un groupe de résistants employés à l'« Entreprise industrielle » sise à Ploërmel provoquait une série d'arrestations.
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Le samedi 19 février1944, Lionel Dorléans, René Salomon et Paul Hervy, étaient appréhendés à la gare de Ploërmel, à leur descente de l'autocar. Paul Hervy, relâché une première fois, était de nouveau arrêté le 29 février avec le dessinateur Robert Turpin qui commandait le groupe de Caudan. Robert Turpin était à son tour relâché le 3 mars puis arrêté une seconde fois le 7 mars et condamné à la déportation d’où il ne reviendrait pas.
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Bien après leur exécution, les parents des autres jeunes gens ignoraient leur sort, puisqu’aussi bien le Docteur Devau dans son rapport rédigé en octobre 1944, indiquait que Lionel Dorléans, transféré à la prison de Vannes, y aurait reçu 360 coups de nerf de boeuf . Depuis ajoutait Devau « on était sans nouvelles de lui ». Quant à Paul Herby, « on ignorait où il avait “disparu ».
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Le 22 février 1944, Louis Chérel et Henri Calindre, au retour d'une mission à Rennes, étaient victimes d’un accident au cours duquel ils étaient blessés tous les deux grièvement. Vraisemblablement dénoncés, ils étaient arrêtés le 3 mars à l'hôpital, et transportés à la prison de Vannes, malgré les protestations du médecin traitant.
Les Allemands bien renseignés apparemment continuaient leurs recherches des membres du réseau .
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Ils se rendaient le 4 mars, à Lizio chez Emile Guimard, pour y effectuer des perquisitions qui restaient tout d’abord infructueuses.
Manifestement, les allemands obtenaient d’autres informations, puisque dès
le 9 mars 1944, ils se rendaient au village de Guinard en Campénéac où se trouvait un dépôt d’armes dans la ferme des époux Méance.
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Or, au même moment, Joseph Guillo et René Chantrel, dans le jardin duquel des armes avaient été cachées, à La Moriçaie en Ploërmel parvenaient en Campénéac, espérant pouvoir y entreposer les armes qu’ils transportaient dans une charrette conduite par le jeune Paul Éon. Il étaient surpris et arrêtés par des allemands qui perquisitionnaient la ferme. Parmi les fermiers, Mme Méance et sa fille ainsi qu'Émile Launay étaient également arrêtés tandis qu'Eugène Méance et les fils Launay pouvaient s'échapper malgré les coups de feu.
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Les Allemands saisissaient 300 kg d'explosifs, 15 mitraillettes, quelques revolvers et des milliers de cartouches. Toutes les personnes arrêtées étaient déportées, seul René Chantrel reviendrait des camps.
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Quant au père de Petit Louis, Joseph Chérel, âgé de 56 ans, après avoir été arrêté une première fois par la Gestapo, et condamné à trois mois de prison, le 28 mai 1944, à 8 heures du matin, il était à nouveau arrêté par la Gestapo dans son garage. Conduit en vue d'un interrogatoire dans la salle de tortures de la Gestapo à Ploermel, il fut terriblement battu, au point que, lorsqu’il fut transporté à la prison de Vannes, le concierge de la prison indiqua par la suite à sa famille qu'il était méconnaissable, défiguré à l'extrême par les coups reçus et par les souffrances endurées.
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André Thirion devait confier au Docteur Devau, que lorsqu’il avait vu ce dernier quitter la prison de Vannes, il pouvait à peine marcher et était contraint de se traîner le long du mur de la prison, pour aller faire sa toilette à la pompe, qui se trouvait dans la cour. Joseph Chérel fut transféré à la prison de Rennes, où il décédait d’ « une mort naturelle » selon le médecin-légiste, alors que selon les membres de la famille auxquels le corps de celui-ci était remis, il présentait aux tempes, deux plaies, qui paraissaient provenir de la pénétration de deux vis, plaies semblables à celles provoquées par l'application du casque qui permettait de serrer la tête de la victime comme dans un étau. Ainsi que le soulignait le Docteur Devau, les Allemands « poussaient le cynisme jusqu'à son extrême limite imaginable en faisant venir Louis Chérel , détenu également à la prison de Rennes, pour lui faire voir le cadavre de son père ».
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En effet, après avoir été torturés dans la prison de Vannes, Henri Calindre qui avait été contraint d'assister aux tortures infligées à son camarade et ami Louis Chérel, étaient tout d’abord transférés au fort de Penthièvre puis au camp Margueritte à Rennes.
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Malgré les tortures subies, les deux hommes, selon les informations recueillies par le Docteur Devau, «avaient su garder héroïquement le silence sur ce qu'ils savaient».
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Voici plus précisément, à partir des témoignages recueillis entre juin et octobre 1944 par le Docteur Devau, comment ce dernier décrivait dans son rapport “ Jours d’épreuve “ sur les tortures subies par Louis Chérel.
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Dans sa cellule [ à Vannes] M. Louis Chérel n'a jamais reçu de soins.Le 10 mars 1944 l'une des soeurs de Louis Chèrel vint à Vannes pour remettre au concierge un colis pour son frère. De la conciergerie où elle attendait qu'arrive son tour pour remettre le colis apporté, elle entendit des cris atroces. Il lui sembla reconnaître la voix de son frère et elle faillit s'évanouir. Grâce à un message que ce dernier a pu lui faire parvenir — il glissait dans les ourlets du linge qu'il était autorisé à renvoyer à sa famille en vue du blanchissage, de petites feuilles d'agenda de poche couvertes de son écriture très fine — elle a su par la suite qu'elle ne s'était pas trompée, son pauvre frère avait reçu ce jour-là dans sa cellule, ligoté sur son brancard, en présence de son camarade Henri Calindre qu'on avait fait venir spécialement pour cela auprès de lui, trois cents coups de nerfs de boeuf.
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Mais aucun de ces deux braves n'avoua. A la suite de cette terrible torture M. Louis Chérel n'a pu faire aucun mouvement pendant 15 jours. De la prison de Vannes, Louis Chérel fut transféré au Fort de Penthièvre où il resta jusqu'au 7 juin 1944. Il fut obligé par les Allemands à assister à la fusillade de ses camarades Le Gall de la Chapelle et des deux fils Caillaux de Quilly : torture morale terrible pour un être bon et sensible, comme le fut Louis Chérel.
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Le 7 juin 1944, Louis Chérel fut transféré du Fort de Penthièvre à la prison de Rennes. Lorsque le convoi de prisonniers passa par Vannes, les Allemands firent monter M. Chérel père dans le wagon où se trouvait son fils.
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Quelle douleur a dû être la sienne, lorsqu'il a pu voir son père prisonnier des Allemands comme lui-même, sans avoir le droit d'échanger une parole avec lui.
Louis Chérel a été condamné le 29 juin a être fusillé comme franc-tireur. Il a été exécuté le 30 juin 1944 au Polygone de Rennes. Il a reçu les balles en pleine poitrine. Il a été enterré par les Allemands à l'endroit même où il fut fusillé. Sur deux petites feuilles d'agenda qu'il a glissées dans la couture d'un vêtement,
Louis Chérel a écrit un dernier message à sa famille. Le voici «Le29juin à midi.
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« Bien chères mère, soeurs, frères, cousins, amis !
Cette fois tout est fini. Surtout ne vous lamentez pas. Il y a assez de chagrin. Je sais que la guerre aura creusé un grand vide dans notre famille. Je suis condamné à mort, mais ne tremblez pas. J'attends mon sort avec calme. Je regrette beaucoup la vie que j'aimais tant. J'aurai voulu vous voir une dernière fois avant de mourir, pour vous parler de mon cher père que vous connaissez tous. Turpin reste pour vous parler de tout cela. Bientôt la libération viendra pour vous. Mère, c'est à toi que je m'adresse. Je sais que le coup va être terrible pour toi.
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Pense que moi je suis brave et que toi aussi tu dois être brave. Tu sais que Minai et Ferdinand vont revenir [sa soeur déportée et son frère prisonnier en Allemagne] et qu'il faudra les consoler. Pauvre Ferdinand, moi qui avais fait tant de projets pour l'avenir pour nous deux. Et toi Yvonne [une de ses soeurs] saches sécher tes larmes, tu es jeune. Allons Madeleine [une autre soeur], je te souhaite beaucoup de bonheur avec Pierre, ce brave garçon, futur beau-frère que je ne reverrai plus. Armande [une 3e soeur] fonde aussi un foyer et si tu as un fils appelle-le Louis, comme son oncle. Quant à Yvonne [sa fiancée], Moreau et Marc, je vous souhaite le retour d'Amédée bien vite. Je sais que vous ne m'oublierez pas. Mais surtout prenez courage. Montrez-vous Français.
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Vive la France. Vengeance. Vous pouvez avoir la tête haute. Je n'ai pas failli à mon devoir, ni à ma parole. J'ai eu toujours le moral bon, grâce à ma petite Yvonne que j'aimais beaucoup. J'aurai voulu en faire ma compagne. Hélas! Marie Basson, je ne serai jamais le parrain de ton bébé. J'avais beaucoup d'estime pour toi aussi. Fais porter mon nom à ton nouveau-né, je serai content. Adieu, je vous embrasse tous.
Signé:
Louis.
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Les indications sur les noms, actions, lieux d’arrestation, les éléments d’information ont été transmis par l’ANACR d’Ile et Vilaine ou ont été relevés notamment dans les ouvrages suivants: Le Morbihan en Guerre ( édition de 1978): Roger Leroux Ami Entends-tu N° 24.1973, N° 26.1974 Les Tomes II et III du Livre mémorial de la Déportation
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Si vous relevez des inexactitudes , si vous détenez d’autres informations sur ces patriotes du Morbihan fusillés merci de nous les transmettre Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
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( 1) Voici comment, le docteur François Wetterwald alias « Bélier »ou « Masson », créateur de ce réseau avec Victor Dupont définissait celui-ci dans l’ouvrage qu’il lui consacra, publié en 1947: « Le mouvement Vengeance a formé, dans son ensemble, un tout complexe. Il est assez difficile de définir avec exactitude ce qui revient en propre au Renseignement, à l’Action et à l’Evasion jusqu’à la fin de l’année 1942, les activités de nos premiers compagnons s’intriquant pendant toute la période initiale.
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Début 1943, on put séparer nettement le réseau de renseignements Turma et l’Action: Corps Francs proprement dits. Mais, en même temps, de nombreuses équipes de parachutage étaient mises à la disposition du B.O.A, et, dans le courant de l’année, les Corps Francs S.N.C.F s’organisaient.
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Les sections départementales et leurs responsables prirent une part effective à la constitution de l’Armée Secrète, à partir de septembre 1943, et dans la première moitié de 1944, nos divers formations devaient s’intégrer dans le cadre des F.F.I pour, finalement , prendre une part importante aux combats de la Libération.»
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Extrait de l’ouvrage mis en ligne sur le site chantran.vengeance.free

Léon Jaffré

Notice sur Léon Jaffré fusillé à la Maltière le 30 décembre 1942

En 1941, Alain Le Lay, était désigné responsable régional du parti communiste pour le Morbihan et le Nord-Finistère. Instituteur il avait été révoqué en 1938, puis était devenu secrétaire juridique à la mairie de Concarneau.
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Son rôle était de retrouver la liaison avec des militants partout où le parti était organisé avant la guerre, c'est-à-dire à Lorient, Vannes, Pontivy, Auray, Lanester, Hennebont, Ploérmel, Lambel-Camors, Quiberon. Il était hébergé le plus souvent chez Guillaume Péron, cheminot à Auray, et à Berné chez l'instituteur Louis Larnicol, son cousin, qui y avait été déplacé en raison de son activité politique. Le 15 novembre 1941, Alain Le Lay était arrêté par un gendarme français à Landévant, il était conduit à Quimper où il était remis aux Allemands qui l’incarcéraient à Brest, à la prison du Bouguen. Il était transféré au camp de Compiègne d’où il était déporté dans le convoi parti de Compiègne le 6 juillet 1942,vers Auschwitz où il décédait le 4 octobre 1942.
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Les 18 et 28 janvier 1942, Jean Marca et Henri Conan, cheminots à Auray, militants communistes, étaient arrêtés suite à une dénonciation. Condamnés pour détention de tracts, ils étaient fusillés comme otages le 30 avril au Polygone de Vannes.
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En dépit de cette répression, Jean Papeau, responsable régional, décidait de poursuivre les actions de sabotage. Il organisait notamment le sabotage de la machine qui alimentait en eau le dépôt et la gare d'Auray. Dans la nuit du 27 au 28 août, deux militants, Édouard Hervé, originaire de Nantes, et Léon Jaffré, né le 26 juillet 1909 à Meslan ( 56), ajusteur à la SNCF et résidant route de Lorient à Auray, faisaient sauter la station de pompage de la S.N.C.F, à Tréauray, à trois kilomètres d'Auray. Les deux moteurs étaient détruits et le communiqué n° 8 des F.T.P.F. publié dans « France d'Abord » de septembre 1942 constatait à juste titre que « les locos vont désormais à Rennes pour l'eau».
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Dans la même période, Jean-Louis Primas, revenu à Lorient, et voulant venger ses camarades arrêtés en juillet, organisait dans la nuit du 9 au 10 septembre, trois attentats successivement, contre la permanence du francisme 11, place Alsace-Lorraine, contre celle de la Légion tricolore, 18 rue Maréchal Foch, et, contre le commissariat spécial, 3 rue de Verdun. L'immeuble des « Renseignements généraux » subissait des dommages particulièrement sérieux.
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Dans la nuit du 20 au 21 septembre, accompagné de Louis Le Bail, il faisait sauter le poste de sectionnement électrique de Belane en Lanester, près du pont du Bonhomme. Les villes de Port-Louis, et d’Hennebont et les forges de Lochrist étaient privées de courant pendant la matinée et une partie de l'après-midi du 21.
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Devant la multiplication des sabotages, le gouvernement de Vichy ordonnait des arrestations préventives. Une circulaire du secrétariat général de la Police est envoyée par télégramme le 24 septembre 1942 :
« Le Parti communiste a donné instructions pour recrudescence des attentats terroristes dans tous départements. Pour éviter que les autorités allemandes prennent des initiatives, mesures inévitablement sévères, et afin d'empêcher tous incidents et assurer maintien ordre, je vous donne délégation pour procéder immédiatement, dans des conditions habituelles, aux internements administratifs de tous les éléments communistes ou suspects de pouvoir participer à menées antinationales —Décisions internements doivent être nombreuses et réalisées au cours de la journée de jeudi. Prière de rendre compte télégraphiquement avant jeudi 20 h... »
Des arrestations préventives étaient effectuées mais celles-ci ne brisaient pas la déterminations des militants. Le samedi 26 septembre, à 17 h 30, Raymond Hervé, avec deux autres camarades s'emparaient de mille francs au bureau de poste de Lanester. Raymond Hervé, pris en chasse par la police, était rejoint à Lorient, place de la gare. Lors de son arrestation, il blessait un gardien de la paix d'un coup de feu. Il était porteur, non seulement d'un pistolet automatique mais aussi d'une grenade à main et d'une notice d'origine anglaise pour l'emploi de l'explosif. Torturé, Raymond Hervé, aurait révélé le nom d'un de ses compagnons, Eugène Le Bris, de Concarneau. L'arrestation de Raymond Hervé était ainsi le point de départ d'une cinquantaine d'arrestations dans le Sud-Finistère où le parti communiste et son « Organisation spéciale » étaient démantelés. Édouard Hervé, son frère, du groupe d'action de Rennes était également arrêté, il aurait avoué être l'auteur du sabotage de Tréauray et aurait donné le nom de Léon Jaffré.
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A Rennes, Jean Papeau apprenait ces arrestations et demandait à Léon Jaffré de s’éloigner. Sur ses instructions, à l’occasion d’un trajet, Jaffré arrêtait à quelques kilomètres d'Auray le train qu'il conduisait et descendait de la locomotive. Son camarade Guillaume Péron prenait sa place, tandis que Léon Jaffré allait se réfugier à Vierzon.
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Mais là-bas, Léon Jaffré aurait mal supporté d'être séparé de sa famille et des camarades l'encourageaient à retourner chez lui pour éviter d'éventuelles représailles à sa femme et à son enfant.
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Le dimanche 4 octobre 1942, peu après son arrivée à son domicile le un gendarme français venait l'arrêter. Léon Jaffré était fusillé à Saint-Jacques-dela-Lande, près de Rennes le 30 décembre 1942.

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Qui sont ces Résistants fusillés par les Nazis à la Maltière ?

 17 septembre 1940.
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Marcel BROSSIER : Né le 3 mars 1909 à Sainte-Gauburge dans l’Orne, Marcel Brossier vit à Rennes quand la guerre éclate. Il est mécanicien et il habite 33 rue Duhamel. N’admettant pas la présence allemande sur notre territoire, il coupe un câble de transmission de l’armée nazie dès le mois de juillet 1940. Il est arrêté et, le 12 septembre 1940, il est condamné à mort par le Conseil de guerre de la Feldkommandantur pour faire un exemple. Des affiches sont placardées dans toute la ville et le quotidien Ouest-Eclair, à la solde des Occupants, reproduit cette annonce dans toutes ses éditions. Il est fusillé à la Maltière le 17 septembre 1940.
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Il est le premier fusillé en Bretagne pour acte de sabotage après l’armistice
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4 octobre 1941
Roger BARBE
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23 juillet 1942
François CLAVERIE
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… 1942
Marcel BOSCHET
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30 décembre 1942
25 Résistants d’Ille-et-Vilaine
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C’est, sans conteste, la date qui a le plus marqué la population d’Ille-et-Vilaine car, après les 27 fusillés de Châteaubriant le 22 octobre 1941, c’était un nombre important de Résistants qui étaient passés par les armes le même jour. De plus, la Gestapo avait organisé un simulacre de procès dont la presse avait parlé. Beaucoup de gens connaissaient ces hommes-là ou, au moins, leurs familles. Voyons tout d’abord qui ils étaient puis nous parlerons de leur procès et de ce que la Gestapo et la police de Vichy leur reprochaient.

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Jean BELLIARD, né à Mayenne (53) le 30 avril 1920. Célibataire. Il exerce la profession de cimentier puis de valet de chambre et habite à Paramé. Membre de l’OS puis des FTP. Il est arrêté le 12 novembre 1942.
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Henri BOUGEARD, né à Guichen (35) le 4 mars 1909. Electricien, il travaille à la Compagnie du Bourbonnais (aujourd’hui EDF). Célibataire, il réside chez ses parents 17 rue de Nantes à Rennes. Membre de l’OS puis des FTP. Il est arrêté le 3 septembre 1942.
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Joseph BOUSSIN, né à Fougères (35) le 10 avril 1922. Il rentre à l’Arsenal comme apprenti puis il y reste comme ajusteur. Il se marie en 1941 avec Alphonsine Rue. Ils habitent 6 rue Duclos à Rennes. Arrêté le 30 juillet 1942.
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Jean-Marie BRAS, né à Etrelles (35) le 30 août 1899, marié, un enfant. Il travaille d’abord aux Chemins de Fer de l’Ouest puis, il rentre à l’Arsenal avant de retourner aux Chemins de Fer. Membre du Parti Communiste, il participe aux actions de l’OS puis des FTP. Il est arrêté le 11 juillet 1942.
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Albert DENIEL, né le 27 septembre 1915 à Morlaix (29). Il exerce la profession de monteur en chauffage et habite 17 rue Dom Maurice à Rennes. Il est arrêté le 1er octobre 1942.
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Yves DENIEL, né le 15 avril 1902 à Morlaix (29). Il exerce la profession de comptable et réside au 17 rue Thomas Connecte à Rennes. Il est arrêté le 10 septembre 1942.
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Henri DERO, né le 29 octobre 1906 à Bréhan Loudéac (56). Il est membre du PCF. Il participe aux actions de l’OS puis des FTP. Il réside 25 rue de Dinan à Rennes.
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Albert DESHOMMES, né le 15 novembre 1921 à Vern-sur-Seiche (35). Il exerce la profession de cordonnier et habite 8 rue de Brest à Rennes. Il est arrêté le 13 juillet 1942.
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Victor FORTIN, né le 1er septembre 1914 à Saint-Paul en Vendée. Il exerce la profession de peintre à la SNCF et habite 4 Bd Beaumont à Rennes. Il est arrêté le 23 septembre 1942.
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Maurice FOURRIER, né le 22 mai 1923 à Combrée en Maine-et-Loire. Il exerce la profession d’ajusteur et réside rue Lucien Descombes à Rennes. Bien que n’ayant que 19 ans, il est considéré comme un des chefs de groupes de l’OS puis des FTP. Il est arrêté le 11 juillet 1942. Il tiendra tête à ses juges et demandera à être fusillé le dernier pour aider ses camarades à rester dignes.
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Albert GERARD, né le 30 juillet 1920 à Cesson-Sévigné (35). Il est artisan tapissier à Saint-Malo et habite 7 rue de la Gaîté à Paramé. Il adhère aux Jeunesses communistes dès 1940 et agit avec la Résistance de l’OS puis des FTP. IL est arrêté le 22 septembre 1942 chez lui avec René Hirel.
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Edouard HERVE, né le 23 mars 1908 à Nantes (44). Il est considéré comme le chef de l’OS (Organisation Spéciale). Il est domicilié à Saint-Sébastien sur Loire (44).
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René HIREL, né le 19 février 1914 à Rennes (35). Il exerce la profession de serrurier à la SNCF et habite 90 rue de Nantes à Rennes. Il est arrêté chez Albert Gérard à Paramé le 22 septembre 1942.
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Léon JAFFRES, né le 26 juillet 1909 à Moslan (56). Il exerce la profession d’ajusteur à la SNCF et réside route de Lorient à Auray. Il est arrêté le 4 octobre 1942.
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Jean JAFFRES, né le 24 août 1917 à Saint-Marc (29). Il est orphelin de la guerre 14-18 et Pupille de la Nation. Ajusteur-monteur et conducteur d’autorail à la SNCF, il épousera, en 1937, une jeune fille de Pacé (35). Il habite 10 rue Pierre Martin à Rennes. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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Pierre LANGLAIS, né le 2 janvier 1920 à Fougères (35). Célibataire, il exerce la profession de mécanicien à la SNCF. Il réside 18 rue Le Coz à Rennes. Il est arrêté le 5 juillet 1942. Son père, Pierre Langlais, sera également arrêté puis relâché. Il continuera à agir pour la Résistance, il sera repris et déporté. Il meurt en déportation.
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Yves LE BITOUS, né le 17 septembre 1914 à Ploézal (22). Il exerce la profession de serrurier et habite 67 rue Saint-Malo à Rennes. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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Maurice LEOST, né le 8 juillet 1923 à La Roche-Maurice (29). Il est ajusteur à la SNCF et habite 94 rue de Riaval à Rennes. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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Pierre L’HOTELLIER, né le 16 juillet 1901 à Grace (22). Il exerce la profession de scieur de bois à la SNCF et habite à Rennes. Il est arrêté le 29 septembre 1942.
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Albert MARTIN, né le 18 mars 1905 à Paris. Il exerce la profession de garnisseur à la SNCF. Il habite 5 rue Duhamel à Rennes. Il est arrêté le 29 septembre 1942.
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Ernest MORAUX, né le 22 novembre 1909 à Saint-Pierre de Plesguen (35), commune où il réside et où il travaille comme carrier. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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Louis MORAUX, son frère, né le 3 avril 1902 à Saint-Pierre de Plesguen (35), commune où il réside et où il travaille comme carrier. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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René NOBILET, né le 16 mai 1910 à Paramé (35). Il exerce la fonction de serrurier à la SNCF et habite 9 rue Jules Simon à Rennes. Il est arrêté le 30 septembre 1942.
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Georges RIANDIERE, né le 20 mai 1911 à Nazolles (Indre-et-Loire). Il exerce la profession de serrurier aux ateliers SNCF et habite rue Rapatel à Rennes avec son épouse et leurs 3 enfants. Il est arrêté le 29 septembre 1942.
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Joseph VAILLANT, né le 27 mars 1921 à Saint-Renan (29). Il exerce la profession d’employé de bureau et suit des cours à l’école des Beaux Arts de Rennes. Il habite 88 rue de Vern à Rennes avec son épouse et sa fille Josette (qui sera connue dans le monde du cinéma sous le nom de Greta Vaillant). Membre du PCF, il organise un groupe de résistance à Vern-sur-Seiche dès le 28 juin 1940 en cachant des armes abandonnées par des soldats français en déroute. Il est arrêté le 22 septembre 1942.
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De quoi sont-ils accusés ?
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29 Résistants arrêtés par les autorités allemandes comparaissent devant le tribunal militaire allemand les 15, 16, 17, 18, 19 et 22 décembre 1942. Citons quelques exemples du compte-rendu de ce procès :
«  Tous les accusés sont de nationalité française et habitent la France. Ils se trouvent dans la prison militaire de la Wehrmacht à Rennes (prison Jacques Cartier). .Les accusés sont accusés d’avoir fait office de francs-tireurs. » (Ils ne font pas partie d’une armée régulière et ne portent pas d’uniforme)
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« Tous les accusés étaient membres d’une organisation communiste qui s’est donné pour but de résister par tous les moyens à sa disposition à la Wehrmacht allemande. […] L’activité du parti communiste illégal français était déjà très intense à Rennes et aux environs depuis le début de l’année 1941. Déjà, avant le début de la guerre avec la Russie, il existait à Rennes une organisation de groupe de résistance terroriste qui, tout d’abord, se bornait à chercher des adhérents, à faire et à distribuer des tracts. Cette activité se renforça dès le début de la guerre avec la Russie. C’était indiscutable qu’il existait des rapports de l’Angleterre avec une centrale se trouvant à Paris. […] Au printemps 1942, les communistes restés à Rennes intensifièrent leur action. […] La police française et la police allemande réussirent à découvrir le milieu, à circonscrire les attentats et à arrêter les chefs terroristes. L’accusé Hervé était le chef militaire de l’OS pour les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. »
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Tous sont inculpés de différents actes de sabotage dans la région.
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En général, ils sont 3 ou 4 pour chaque action. Quels sont ces attentats ?
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1.
Attentat du 22 mars 1942 contre les bureaux du RNP à Rennes. (Rassemblement National Populaire - parti collaborateur).
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2.
Attentat du 28 mars 1942 contre les bureaux du Franquisme à Rennes (Proche de Pétain).
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3.
Attentat du 19 avril 1942 contre Doriot au Théâtre Municipal de Rennes, au cours d’une réunion organisée par le PPF (Parti Populaire Français – parti collaborateur). Maurice Fourrier dira fièrement lors du procès : « La seule chose que je regrette, c’est d’avoir raté Doriot ! »
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4.
Attentat du 4 mai 1942 contre le bureau d’embauchage pour l’Allemagne.
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5.
Attentat du 12 mai 1942 à Sainte-Foix près de Rennes. Sectionnement d’un câble téléphonique de l’armée allemande.
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6.
Attentat du 12 mai 1942 contre un baraquement de l’armée allemande à Saint-Malo.
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7.
Attentat du 20 mai 1942 à Rennes, boulevard Mermoz (sectionnement d’un câble téléphonique).
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8.
Attentat du 21 mai 1942 contre un pylône à haute tension à Ste-Foix près de Rennes.
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9.
Attentat du 4 juin 1942 contre les bureaux de la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme (LVF) – Parti collaborationniste.
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10.
Attentat du 9 juin 1942 sur un train de marchandises (jets de sable dans les graisseurs des essieux des 87 wagons d’un train).
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11.
Attentat du 22 juin 1942 à Rennes, boulevard de Sévigné contre une maison occupée par les Allemands.
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12.
Attentat du 22 juin 1942 à Rennes, boulevard Solférino, contre une maison occupée par les Allemands.
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13.
Attentat du 22 juin 1942 à Saint-Malo contre les camions de l’armée allemande.
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14.
Attentat du 14 juillet 1942 à Saint-Malo contre une écurie.
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15.
Attentat du 28 juillet 1942contre la pompe à eau de la SNCF.
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16.
Attentat du 2 septembre 1942 sur la ligne de chemins de fer de Rennes à Saint-Malo.
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17.
Attentat du 20 septembre 1942 contre la caserne de Saint-Malo.
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« La « perpétration » de ces attentats n’a été rendue possible que grâce à la possession de quantités suffisantes d’explosifs. Ces explosifs ont été obtenus grâce aux vols ci-dessous énumérés :
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Vol le 24 avril 1942, dans la carrière de M. Brault à Louvigné-du-Désert commis par Fourrier avec la complicité de Le Bitous. Ils volèrent 4 caisses de 25 kgs de poudre et, en outre ils remplirent 2 sacs et 2 valises.
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Vol le 18 juillet 1942, dans la carrière Realine à Saint-Pierre-de-Plesguen, commis par Hervé avec la complicité de Fortin, Martin, Riandière et Nobilet. Ils prirent 70 kgs de cheddite. Les frères Moraux ont été accusés d’avoir indiqué l’endroit où se trouvait la poudre… »
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« Le verdict rendu fut le suivant :
Ont été condamnés à mort pour crimes de francs-tireurs :
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HERVE Edouard
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LANGLAIS Pierre (fils)
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FOURRIER Maurice
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DESHOMMES Albert
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BOUSSIN Joseph
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JAFFRES Jean
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LEOST Maurice
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LE BITOUS Yves
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FORTIN Victor
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GERARD Albert
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HIREL René
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L’HOTELLIER Pierre
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RIANDIERE Georges
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NOBILET René
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MARTIN Albert
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DENIEL Albert
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JAFFRES Léo
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BRAS Jean-Marie
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BELLIARD Jean
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DERO Henri
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Ont été condamnés à mort pour crimes en faveur de l’ennemi
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MORAUX Louis
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MORAUX Ernest
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VAILLANT Joseph
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BOUGEARD Henri
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DENIEL Yves
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A été condamné à un an de prison :
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CHALOPIN Pierre
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A été acquitté :
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DUBOIS Jean
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Une instruction complémentaire a été demandée pour LANGLAIS Pierre (le père), Mesdames HIREL et BOUSSIN. »
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Sources : Compte-rendu du procès (ADIV)
Lettre du préfet d’Ille-et-Vilaine à l’ambassadeur de France, délégué général du gouvernement français  dans les territoires occupés (AD 134W19)
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Les corps furent transportés au cimetière du Bourg de Saint-Jacques dans des camions. Là, des prisonniers coloniaux (essentiellement des Malgaches) détenus au camp de la Marne en Saint-Jacques de la Lande furent amenés pour enterrer les corps des suppliciés, mais aucun cercueil n’avait été prévu.
Les prisonniers refusèrent de mettre en terre« comme des chiens » ces hommes qui venaient d’être fusillés. Les Allemands les menacèrent de les fusiller à leur tour mais ils ne cédèrent pas et les Allemands furent obligés de faire fabriquer très rapidement des boîtes précaires pour y mettre les corps.
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Dès la libération de Rennes, le 4 août 1944, les familles, les amis vinrent se recueillir sur les tombes. Une grande cérémonie - les journalistes ont parlé de dix à quinze mille personnes - eut lieu le 31 décembre 1944 au cimetière de Saint-Jacques.
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Des obsèques officielles furent organisées en janvier 1945. Les Rennais purent se recueillir pendant deux jours dans une chapelle ardente installée dans le grand hall d’honneur du Palais de Justice, là même où ils avaient été jugés et condamnés à mort.
 
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31 mai 1944
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10 Résistants arrêtés dans la région de Dinan (Côtes d’Armor)
  
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23 juin 1944
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11 Résistants  fusillés (dont 6 d’Ille-et-Vilaine et 5 des Côtes d’Armor)
 
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6 Résistants de Fougères (35) :
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Guy BELLIS est lieutenant, dans la région de Fougères, du commandant  des FTP en Ille-et-Vilaine, Louis Pétri. Sous ses ordres, le 11 mai 1944, les FTP attaquent à Fougères, en 4 groupes, 4 garages remplis de camions allemands, en incendient une trentaine et brûlent l’essence, l’huile et le matériel de réparation. 5 de ces Résistants seront arrêtés le 9 juin suivant lors de l’attaque du garage de la feldgendarmerie. Un sixième (Claude Chollet) sera arrêté ailleurs.
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Il s’agit de :
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BELLIS Guy,
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BOULANGER  Marcel,
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CHOLLET Claude
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HUGUET Michel
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LAMBERT François
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LAUNAY Roger
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5 Résistants des Côtes d’Armor
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30 juin 1944
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18 Résistants fusillés
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3 Résistants d’Ille-et-Vilaine
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GAUTIER Joseph
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GERNIGON Emile
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LECUYER Pierre (PIAN)
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Juillet 1944
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6 Résistants fusillés (tous arrêtés dans la région de Bais en Ille-et-Vilaine)
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BRUCHET Roger
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DANIEL Jean-Baptiste
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DE BOCK Oscar
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DESILLES Léon
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GAUTIER Augustin
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LAMIGE François.

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LA BUTTE de la MALTIERE

Pour présenter ce lieu, reprenons un article paru dans la presse en décembre 1947.
«  C’est derrière le camp des prisonniers allemands, entre la Route Nationale de Rennes à Redon et la rabine de la Prévalaye. Une butte de tir ensevelie sous un tertre de verdure. On a dégagé le pourtour et, répondant à l’appel de l’Association des Familles de Fusillés et de Massacrés, M. le Maire de Rennes a donné des instructions à la direction du Jardin des Plantes pour que ce lieu soit entretenu et décoré. En quelques semaines, les services intéressés […] ont transformé le cloaque qui entourait la butte de tir en une pelouse sobrement garnie d’arbustes et de plantes vertes qui donnent au paysage un aspect de nécropole. La Maltière… C’est là que tombèrent, sous les balles allemandes, d’octobre 1941 à la Libération, le plus grand nombre de Patriotes que le tribunal allemand de Rennes avait condamnés à la fusillade. »

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En effet, ce lieu situé sur la commune de Saint-Jacques de la Lande, était depuis très longtemps un terrain militaire où les troupes issues des casernes de Rennes venaient s’entraîner.
En 1937, l’armée décida de construire un entourage à la butte de terre sur laquelle les soldats s’entraînaient à tirer.
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Quand, le 18 juin 1940, l’armée nazie arriva à Rennes, elle connaissait la topographie des lieux. Elle envahit aussi la commune de Saint-Jacques de la Lande qui avait sur son territoire un aérodrome et de nombreux terrains militaires. Les allemands s’installèrent partout et ils furent maîtres des lieux jusqu’à la Libération, le 4 août 1944. En fait, beaucoup y restèrent jusqu’en 1948 puisque la plupart de ces terrains militaires devinrent des camps de prisonniers allemands de 1944 à 1948.

Le journaliste continue :
« 89 d’entre ces glorieuses victimes de la barbarie nazie ont pu être inhumées […]. Tous, hélas n’ont pu être identifiés. Mais tous demeurent unis dans le souvenir de ceux qui veulent magnifier leur mémoire comme ils furent, eux, unis dans la mort, sans distinction de classe ou de parti, unis par l’amour commun de la Patrie et par le seul désir de lutter pour chasser hors de France l’envahisseur. »

Quel fut le nombre exact de personnes fusillées en cet endroit ? A quelques unités près, on peut hésiter.
Le journaliste parle de 89 Résistants ; la plaque qui fut posée beaucoup plus tard après une recherche approfondie dans les archives et auprès des associations compte 79 noms. En fait, on sait que 2 d’entre eux n’ont pas été inscrits sur la plaque car ils avaient bien été fusillés là mais ils n’étaient pas reconnus comme étant de vrais Résistants. Pour d’autres qui sont inscrits sur la plaque, on hésite sur le lieu de leur exécution. Il est possible que d’autres personnes n’aient pas été identifiées car les Allemands, en 1944, pressés par le risque d’être obligés de partir, fusillaient rapidement, sans procès, sans même laisser de trace écrite. On sait que, quelques semaines après la libération, un ouvrier agricole qui passait par là a été alerté par son chien qui déterrait des cadavres autour de la Butte. Est-ce que ces pauvres gens ont pu être tous identifiés ? Nous ne le savons pas. Les Résistants venaient de tous les départements bretons, parfois même de plus loin. Si les familles ne se sont pas manifestées, il est difficile de les retrouver.

Continuons la lecture de l’article daté de décembre 1947 : « Jusqu’alors, c’est au cimetière de Saint-Jacques, sur leurs tombes, que s’étaient déroulées les différentes cérémonies du souvenir organisées en leur mémoire. Cette année, le Comité du Souvenir des Fusillés de Saint-Jacques dont le Comité d’honneur se compose de M. Robert Billecard, Préfet d’Ille-et-Vilaine, du général Préaud, commandant la 3e Région militaire, de M. Yves Milon, maire de Rennes et de M. Jean Pont, maire de Saint-Jacques de la Lande a décidé d’organiser une manifestation sur les lieux mêmes où furent assassinés, sous le couvert d’une exécution, ceux-là qui avaient fait le sacrifice de leur vie pour assurer la libération de la France. C’est donc au pied même de la butte, à l’endroit précis où les bourreaux exécutèrent leurs victimes que se déroulera la manifestation de dimanche prochain. »

C’était donc, en 1947, la première cérémonie à la Butte de la Maltière. Depuis, chaque année, fidèlement, les officiels, les familles, les amis et, simplement, tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la Résistance, se retrouvent le 30 décembre sur ce lieu de mémoire. Bien sûr, tous n’ont pas été fusillés le 30 décembre mais cette date a été retenue car elle a beaucoup marqué les Rennais comme nous le verrons plus loin. Lors de cette cérémonie, on ne manque jamais de rappeler que nous associons à cet hommage tous les Résistants qui ont été fusillés en ce lieu.
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Cérémonies au cimetière de Saint-Jacques de la Lande sur les tombes des Fusillés.

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Une des premières cérémonies à la Butte de la Maltière. On reconnaît Madame Vaillant (veuve de Joseph Vaillant fusillé le 30-12-1942) et M. Pont maire de Saint-Jacques de 1945 à 1959.

Dans les années qui suivirent, plusieurs problèmes se posèrent car la Butte de la Maltière faisait toujours partie des terrains militaires.

- Les militaires n’acceptaient pas sur leur terrain la présence des drapeaux rouges des communistes, or ceux-ci voulaient honorer leurs camarades tombés en ce lieu. Pendant plusieurs années les associations proches du PCF se réunirent au Cimetière de l’Est sur les tombes des Fusillés. C’était la période de la « Guerre froide ».

- Le terrain et les voies d’accès n’étaient pas entretenus par les militaires et la Ville de Rennes ou la Ville de Saint-Jacques ne pouvaient pas le faire puisqu’elles n’en étaient pas propriétaires, pourtant, elles jugent alors que « ce lieu hautement symbolique de la Résistance est dans un état lamentable ». En octobre 1953, la commune de Saint-Jacques demande que ce terrain soit remis à l’une ou l’autre des deux municipalités. Elle demande aussi « qu’une plaque soit posée à l’entrée du passage situé le long du mur de la Maltière afin que soit perpétué le passage que les 25 Fusillés du 30-12-1942 ont emprunté pour se rendre au lieu de leur martyr ».

- En 1953, la Ville de Rennes arrive à un accord avec les militaires qui acceptent qu’elle entretienne la Butte ainsi qu’un chemin pour y accéder.

- En 1958, la commune de Saint-Jacques qui demandait à l’armée la cession gratuite de la Butte de la Maltière obtient sa cession soit 2 822 m2 pour le prix de 10 000 F. Elle demande au préfet de déclarer l’utilité publique et l’urgence. En fait, le marché ne sera conclut qu’en 1961.

-
En 1971, la commune de Saint-Jacques construit un petit muret pour le dépôt des gerbes et elle aménage les lieux et les accès.
Depuis cette date, la commune de Saint-Jacques assure l’entretien du lieu et de ses abords. La cérémonie est organisée conjointement par les deux communes (Rennes et Saint-Jacques) sous la présidence du préfet et avec l’aide de l’armée.

Suite: Prison Jacques CARTIER à RENNES + Qui sont ces Résistants fusillés par les Nazis à la Maltière?
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