A) Témoignages de Fraysse et de Sommet

 

ARRÊTÉS SUR LE TERRITOIRE DU III ème REICH
«  volontaire » pour partir en Allemagne
ET DÉPORTÉS A DACHAU

 

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Le KL Dachau est de loin le camp de concentration qui a accueilli le plus grand nombre de Français arrêtés sur le territoire du IIIe Reich : 2 145 hommes y ont été internés après leur arrestation, soit environ le tiers des hommes et des femmes déportés depuis le Reich. Ces 2 145 déportés représentent également une part non négligeable par rapport aux 12 500 Français qui sont passés à un moment ou un autre de leur déportation par le camp de Dachau.

 

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Selon les recherches de la
Fondation pour la Mémoire de la Déportation, le groupe le plus important des français arrêtés en Allemagne était formé par les travailleurs contraints au travail en Allemagne (requis et STO) puisqu'ils représentaient environ 40 % du nombre total des déportés. Venaient ensuite les travailleurs volontaires avec 25 % environ, suivis par les prisonniers de guerre transformés ou non en travailleurs civils avec 15 % environ. Enfin, un groupe de travailleurs dont la nature du départ de France (forcé ou volontaire) reste ignorée compterait pour 10 %. La première arrestation connue, celle d’un ancien membre des brigades inter- nationales, immatriculé en avril 1941 dans les « 24000 », eut lieu à Pforzheim, à 5 kilomètres à l'est du Rhin, le 28 janvier 1941.

 

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Quant à la dernière, elle se produisit le
20 avril 1945 à l’encontre d’ un prisonnier de guerre transformé en “ STO” et d’un travailleur volontaire, arrêtés à Munich pour des actes de résistance individuelle. Ils entraient à Dachau le 27 avril, soit deux jours seulement avant la libération du camp par les troupes américaines.

 

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Si, jusqu’au début de l’année
1943, les arrestations étaient peu nombreuses, celles-ci augmentaient considérablement en 1943 mais surtout à partir de l’été 1944, après le débarquement et l'avance des Alliés. Ces événements étaient, en effet, à l'origine de la multiplication des actes d'opposition par les travailleurs étrangers en Allemagne. Ainsi, plus du tiers des arrestations de l'année 1944 étaient opérées au cours du seul mois de septembre. Les causes principales de ces arrestations étaient les actes d’opposition suivants, au régime nazi,
- refus du travail;
- actes de propagande et notamment écoute des radios alliées;
- aide aux prisonniers de guerre;
les infractions de droit commun (vol, recel, marché noir...) n'intervenant que dans moins de 2 % des arrestations.

 

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Voici, par ordre alphabétique, les personnes originaires du Morbihan, arrêtées en Allemagne, qui ont été déportées à DACHAU :

 

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Guy BELLEGO, né le 02.06.1917 à Vannes. transféré à Allach d’où il était libéré le 30.04.1945.

 

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Henri DESBARRE, né le 04.07.1925 à Neuillac, libéré le 29.04.1945.

 

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Jean EVANNO, né le 27.07.1918 à Lorient, transféré à Natzweiler où il décédait le 26.05.1944: il avait 26 ans;

 

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Noël LE GOUELLEC, né le 23.12.1908 à Pontivy, libéré le 29.07.1943.

 

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Sylvestre LE HAYS, né le 29.11.1923 à Plouay, transféré à Blaichach d’où il était libéré le 19.04.1945.

 

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Jean PRADIC , né le 06.09.1920 à Quiberon, transféré à Blaichach d’où il était libéré le 19.04.1945.

 

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Eugène RIO, né le 01.08.1924 à Lorient, il était libéré le 28.10.1944.

 

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Jean RIO, né le 19.12.1911 à Pluméliau, il était libéré le 29.04.1945.

 

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Pierre ROUILLE né le 30.09.1917 à Lanester, transféré à Mauhausen puis à St Valentin où il décédait le 24.01.1945: il avait 27 ans;

 

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D’autres bretons arrêtés en Allemagne sont morts à Dachau ou après y avoir été internés:

 

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Maurice BEGAT né le 27.06.1914 à Tréguier( 22), transféré à Mauhausen puis à Linz où il décédait le 02.04.1945: il avait 31 ans;

 

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Pierre de PORCARO né le 10.08.1904 à Dinan( 22), il décédait le 12.03.1945: il avait 41 ans;

 

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Louis LE TINEVEZ né le 11.01.1914 à Trébeurden( 22), il décédait le 05.03.1945: il avait 31 ans

 

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Marcel RANNOU né le 30.07.1914 à Ploufragan( 22), transféré à Mauthausen où il décédait le 24.03.1945: il avait 31 ans

 

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Christophe LEGOFF né le 31.05.1920 à Elliant ( 29), il décédait le 22.05.1944: il avait 24 ans

 

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Charles NICOLAS né le 21.07.1921 à Lannilis( 29), transféré à Buchenwald puis à Nordhausen, où il décédait le 25.02.1945: il avait 23 ans;

 

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Jules CHAUDRON né le 23.09.1925 à Rennes( 35), transféré à Buchenwald où il décédait le 24.02.1945: il avait 19 ans;

 

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Emile GEORGES né le 04.11.1918 à St Malo( 35), il décédait le 16.04.1945: il avait 26 ans;

 

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Jean GEORGET né le 16.02.1925 à Rennes( 35), il décédait le 11.10.1944: il avait 19 ans;

 

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René LEBRETON né le 07.02.1920 à St Servan ( 35), il décédait le 03.03.1944: il avait 24 ans;

 

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Par ailleurs, de nombreux militants de l’Action catholique ont été arrêtés en Allemagne et certains déportés à Dachau.

 

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Les séminaristes et prêtres français “ volontaires “ pour le STO.

 

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Le Saint-Siège avait demandé au maréchal
Pétain, par l'intermédiaire de Léon Bérard, ambassadeur de France au Vatican, que les séminaristes français fussent exemptés du S.T.O ce qui n'était pas souhaité par les évêques français, qui entendaient être présents auprès des ouvriers, y compris ceux qui , volontaires ou requis, mais, fondamentalement, contraints par la précarité de leur situation, étaient partis en Allemagne. 3 200 séminaristes partaient donc en Allemagne dans le cadre du S.T.O. En effet, à partir de la fin de 1942, des négociations avaient été menées entre l'épiscopat français représenté par le cardinal Suhard et le Dr Brandt, qui traitait de cette question pour les Allemands. Il s’agissait d’officialiser la présence d'aumôniers parmi les déportés du S.T.O. À la fin du mois de mai 1943, le Dr Brandt opposait un refus définitif à la demande des évêques français. Mais ceux-ci avaient déjà envisagé d'envoyer des prêtres en Allemagne non pas avec le statut d'aumônier, mais avec celui d'ouvrier. Il s'agissait là, dans les conditions les plus périlleuses, de la naissance du mouvement des prêtres ouvriers. Pionnier, l'abbé Hadrien Bousquet arrivait à Berlin le 15 janvier 1943.

 

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À la suite du
père Bousquet, 25 prêtres sélectionnés par le père Jean Rodhain, aumônier national des prisonniers de guerre et futur fondateur du Secours catholique, étaient envoyés clandestinement dans le Reich. Le Père Rodhain informait par le message suivant les prêtres volontaires pour cette mission “ Si vous êtes toujours décidé à imiter Paul, fabricant de tentes, venez à Paris, nous nous chargeons de tout “ En plus de ces clandestins organisés, d'autres prêtres avaient été requis sans que leur qualité de religieux ait été repérée. Certains étaient partis de leur propre initiative, parfois contre l'avis de leur évêque. Il y avait également 273 prêtres prisonniers de guerre, transformés en « travailleurs libres ». Avec les 3 200 séminaristes et les militants de l'Action catholique partis contraints ou volontaires, cela représenterait au total une organisation de quelque 10 000 militants.

 

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Les autorités allemandes toléraient que les travailleurs étrangers fussent autorisés à assister aux offices allemands. En revanche, elles n’admettaient pas que des ecclésiastiques étrangers aient en Allemagne une activité spirituelle ou ecclésiastique. Dès le 3 décembre 1943, Ernst Kaltenbrunner, chef de la sécurité du Reich, adressait une note à tous les fonctionnaires de la Gestapo dans laquelle il leur donnait la consigne de rechercher tous les prêtres et séminaristes camouflés en civils, de les expulser ou de les emprisonner en cas de faute grave et de dissoudre les groupes de Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) actifs, sous peine d'emprisonnement. Sur les 25 prêtres clandestins envoyés en Allemagne, 12 prêtres étaient envoyés en camp de concentration, généralement à Dachau, parmi ceux-ci se trouvaient René Fraysse, né le 05.07.1912 à Privas ( 12), dont vous trouverez le témoignage sur ce site. Ce témoignage intitulé “ De Francfort à Dachau” a été publié le 15 août 1946.

 

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René Fraysse ( matricule 113095) avait intégré dans cette brochure le témoignage-analyse du Révérend Père Jacques Sommet sur le camp de Dachau intitulé “

 

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La Condition Inhumaine” et initialement publié dans la revue “ Les Etudes” de
Juillet Août 1945.
Jacques Sommet, né le 30.12.1912 à Lyon, ( matricule 113095), est parti de Compiègne le 18.06.1944, comme 2138 autres déportés dont 476 vont périr ou disparaître dans les camps.

 

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Cette partie de la brochure est illustrée par des dessins du
père Ferdinand Dupuis, ( matricule 80.118)arrêté en Allemagne, interné au Kommando de Darmstadt avant d’être transféré à Dachau.

 

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René Fraysse dédiait son écrit à tous ses camarades morts à Dachau, et en particulier Fernand Tonnet et Paul Garcet, jeunes jocistes belges.

 

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Cette brochure a été préfacée, à l’attention plus particulièrement de
Ferdinand Dupuis, par l’Abbé Michel Riquet, Si un simple croquis en disait plus long à l'Empereur qu'un volumineux rapport, il est vrai que les dessins de notre camarade informeront plus exactement le public que bien des livres.11 n'a oublié aucun détail, rien inventé, rien forcé, rien dramatisé. Nous retrouvons dans ces naïfs crayonnages tout ce que nous avons vu et vécu jour par jour ; car c'était comme cela tous les jours ! Tous les jours ces défilés de cadavres, ces arrivées et ces départs de transports, cet entassement dans les blocks, cette atmosphère lourde, empestée, cafardeuse. Et pourtant quelle palpitation de l'Esprit dans-ces coeurs de prêtres et de chrétiens que nous avons connus et admirés pendant cinq mois à Dachau comme pendant huit autres à Afruthausen.” Ce dernier, né le 08.09.1898 à Paris, appartenait au réseau Comète du mouvement Combat.

 

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Arrêté le 17 janvier 1944, il partait de Compiègne vers Mauthausen le 6 avril 1994 avec 1488 autres hommes dont 763 allaient périr ou disparaître dans les camps. Michel Riquet était transféré à Dachau d’où il était libéré le 29 avril 1945.
Cette brochure a été
postfacée, le 23.08.1946, par Edmond Michelet, alors Ministre des Armées, à l’attention également de Ferdinand Dupuis“ j’ai gardé trop vif le souvenir des mauvaises heures que nous avons passées ensemble à l’infernale infirmerie des typhiques de Dachau pour ne pas vous féliciter d’avoir tenu à conserver le souvenir de ces par les croquis que vous nous montriez, à la dérobée, parce qu’ils auraient pu, s’ils avaient été découverts vous conduire vous savez où”. Edmond Michelet, né le 08.10.1899 à Paris, était l’un des dirigeants du mouvement Combat lorsqu’il était arrêté à Brive en janvier 1943. Il quittait Paris le 30 août 1943 pour le camp de Neue Bremm,, avec 39 autres prisonniers dont 19 allaient mourir dans les camps nazis, puis il était incarcéré dans diverses prisons puis transféré au KL le 15 septembre 1943 ( matricule 52579),d’où il était libéré le 29 avril1945.

 

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Le témoignage de René Fraysse de “ Francfort à Dachau “ comprend trois parties:

 

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- A travers les mailles de la Gestapo: pages 5 à 15

 

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- L’arrestation: pages 16 à 19

 

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- Mes prisons : pages 19 à 25

 

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Le témoignage du R.P Jacques Sommet peut être divisé en quatre parties :

 

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- la description d’une journée “ ordinaire” de travail dans le camp : pages 27 à 35;

 

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- l’extermination par le travail : pages 36 à 38;

 

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- la chaîne des assassins : pages 39 à 49;

 

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- les principes criminels à la base du système concentrationnaire : pages 50 à 53;

 

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- les formes de résistance: les témoins de l’esprit : pages 53 à 60;

 

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Portrait de René Fraysse ( page 26)

 

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La rédaction d’Ami Entends-tu

 


 

A travers les mailles de la gestapo

 

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