Quelques éléments de réflexion sur la déportation des Juifs de France :

Après le premier convoi transportant 1112 juifs, parti le 27 mars 1942 du Camp de Royallieu à Compiègne, quelques 74 transports allaient se succéder jusqu’au dernier convoi qui quittait Drancy vers Buchenwald le 17 août 1944, soit au total 43 convois pour la seule année 1942, 17 en 1943 et 14 en 1944. La plupart des convois comprenaient 1000 personnes, les survivants s’élevant à quelques dizaines pour chaque convoi.

De la politique de discrimination raciste de l’Etat français de Pétain,

Selon Robert O.Paxton, Professeur d’histoire à l’Université de Columbia à New York, à l’automne 1940, la politique des autorités du Reich ne recherchait pas l’extermination immédiate des Juifs de France, puisque ces dernières essayaient même d’expulser des juifs allemands, notamment vers notre pays. Cette immigration « forcée » entraînait une protestation vigoureuse de l’Etat français pétainiste qui construisait alors son propre système de discrimination à l’encontre des Juifs avec en octobre1940, le premier statut des juifs définissant ceux-ci comme appartenant à une race. Alors que la France des années 1930 avait été le pays le plus accueillant pour des dizaines de milliers de réfugiés de l’Europe centrale,la politique de Vichy apparaît ainsi non seulement comme une réaction à cette immigration, mais aussi comme une aggravation de l’antisémitisme traditionnel contre des familles juives établies depuis plusieurs générations en France. La loi du 22 juillet 1941 qui décidait l’aryanisation des biens juifs, permettait la vente d’office des entreprises tenues par des Juifs. Selon Roger Le Roux ( page 133 Le Morbihan en Guerre), certains commissaires locaux aux questions juives, notamment à Lorient, mettaient un zèle particulièrement odieux à faire les inventaires et à dépouiller, de ce fait, les familles.

A la complicité de génocide ,
La politique d’extermination nazie se mettait en place dès décembre 1941. Lors de la Conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, la «solution finale de la question juive » était planifiée, l’extermination sauvage par fusillades ou gazage dans des camions, telle que mise en oeuvre par les Einsatzkommando .dans l’Est de l’Europe en 1940 et 1941 étant jugée par les nazis comme peu efficace et traumatisante pour les exécutants.......... A partir du printemps 1942 s’organisait la déportation vers les centres de mise à mort de l’Est, principalement Auschwitz, avec l’aide des autorités françaises qui ont fourni les fichiers d’adresse et les fonctionnaires pour procéder aux rafles. Le SS Karl Oberg, représentant direct d’Himmler en France, allait supplanter le commandement militaire allemand dans la politique répressive, concernant tant les Juifs que les résistants.

En mai1942,René Bousquet rencontrait Karl Oberg qui lui indiquait que les allemands acceptaient de reprendre « leurs réfugiés ». Ceux-ci d’ailleurs se trouvaient pour la plupart dans des camps d’internement français.

Vichy qui tenait à « se débarrasser des réfugiés en surnombre » , acceptait de coopérer pour réduire le nombre de juifs étrangers sur le sol national. Les 16 et 17 juillet 1942, la police française, avec l’aide de militants du Parti Populaire Français de Doriot, procédait dans Paris à une grande rafle dite "rafle du Vel d'Hiv" et arrêtait 12 884 personnes recensées comme juives. La plupart d'entre elles étaient ensuite internées au camp de Drancy. Le 20 juillet 1942, Eichmann prenait la décision d’organiser les convois d'enfants. Quatre mille enfants juifs rassemblés au camp de Drancy étaient alors déportés vers les chambres à gaz d'Auschwitz. Dans la zone non occupée, sous la responsabilité d’Henry Cado,un des collaborateurs de Bousquet, étaient organisés de grandes rafles,notamment les 26 et 28 août 1942. Des dizaines de milliers de juifs étaient ainsi livrés aux allemands à partir de l’été 1942, Vichy étant un des rares Etats européens à livrer les juifs d’une zone non occupée.

Le 29 décembre 1942, Himmler communiquait à Hitler les résultats du génocide : entre le mois d’août 1942 et la fin novembre 1942, 363 000 juifs avaient été exterminés.

En France, si, pendant l’année 1943, plusieurs préfets refusaient de fournir aux autorités allemandes les listes des juifs français, après l’entrée au gouvernement, en décembre 1943, de Joseph Darnand, chef de la milice, les derniers obstacles opposés par quelques hauts fonctionnaires français étaient levés.Le 25 janvier 1944, l’ordre était donné à tous les préfets de communiquer aux autorités allemandes les listes des juifs étrangers et français.

De la France entière, selon Serge Klarsfeld , 75 721 juifs ont été déportés, dans le cadre de « la solution finale », avec l’aide de Vichy, soit quelques 24 000 ressortissants français, plus de 50 000 juifs étrangers vivant en France dont 26 000 polonais. Près de 60 % d’entre eux étaient gazés dès leur arrivée à Auschwitz, moins de 4% revenaient en France. Si l’on ajoute les morts des camps d’internement de France ( maladies, conditions d’internements...), le nombre des disparus s’élèverait à 90 000 morts, soit 25 % des juifs de France.

Parmi les 50 personnes, déportées après avoir été recensées comme juives dans le Morbihan, se trouvaient deux fillettes, l’une âgée de 10 ans : Liliane Segal, la seconde âgée de 13 ans: Régine Zwetschkenbaum et trois adolescents, Théodore Eilstein âgé de 16 ans, Frida Hanen et Naschum Zwetschkenbaum âgés de 17 ans.

Survécurent à la déportation Rachel Benzon, Joseph Berdah , né le 5 Novembre 1900 à Tunis, Isidore Cohen, né le 15 janvier 1896 en Syrie, ces deux derniers, époux d’une « aryenne » , déportés à Aurigny, étaient libérés en septembre 1944.

Récapitulatif établi par Katherine Le Port à partir des renseignements contenus dans les listes du Livre Mémorial de la SHOAH ,
ainsi que celles du site
« Mémoire de guerre/ déportation des juifs 56 »? dans l'ouvrage « Notre mémoire, une garantie pour l'avenir » édité par la FNDIRP à l'occasion du cinquantenaire de la Libération de la France et dans l’ouvrage de Roger Le Roux “ Le Morbihan en guerre “

Des témoignages de déportés et un article sur la Rafle du Vel d’Hiv sont également mis en ligne sur notre site «
lesamisdelarésistancedumorbihan» dans les rubriques Déportation et 1942,
P.S si vous constatez des erreurs ou des oublis, si vous pouvez nous donner des informations complémentaires sur les dates et les causes des arrestations de personnes déportées ci-dessus énumérées, merci de prendre contact avec nous à l'adresse mail suivante :
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CONVOI N ° 47 parti de Drancy le 11 FÉVRIER 1943

Ce convoi comprenait au moins 998 personnes: seules 10 ont survécu. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvaient :

Gaston JACOB, né le 14 mars 1875 à Lorient où il résidait . Il décédait à Auschwitz le 16 février 1943. Il avait 68 ans
Max WAJSBERG, né le 13 janvier 1899 en Pologne. Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, il demeurait 6 rue Thiers à Vannes. Il avait 34 ans.

Maurice ZAIDE, né le 31 octobre 1905 en Pologne. Peintre en bâtiment, il demeurait 14 place de l'Isle à Vannes. Il avait 27 ans.

 

 

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CONVOIS N ° 42 et N° 45 parti de Drancy le 6 NOVEMBRE 1942 et le 11 NOVEMBRE 1942

Ces convois comprenaient, le premier 1000 personnes, le second 745 personnes: seules 6 ont survécu. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvaient, outre Jacob HANEN et HélèneWAJL déjà évoqués :

Salomon ROTSCULD, né le 4 août 1893 en Pologne. Il résidait à Neuillac courant 1940, 1941.Puis avant le 31 août 1942, il quittait le Morbihan à une date et pour une destination inconnues: il avait 49ans

Maria ZWETSCHKENBAUM, née le 28 mars 1895 en Pologne, et sa fille Régine, née le 16 mai 1929 en Pologne. Elles étaient réfugiées à Naizin en octobre 1940 avec le père et les trois autres enfants, déportés eux, dans les convois N° 6 et 8 . Maria avait 47 ans, Régine avait 13 ans.

 

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CONVOIS N ° 11 et N° 33 partis de Drancy le 27 JUILLET 1942 et le 16 SEPTEMBRE 1942

Ces convois comprenaient, le premier 1000 personnes, le second 1003 personnes: seules 35 ont survécu. Parmi ceux qui ont péri dans ce camp se trouvaient :

Sarah WEINTRAUB, née le 26 avril 1903 en Pologne, elle résidait à Lorient en octobre 1940.Nous ignorons où et quand elle a été été arrêtée. Elle avait 39 ans.
Jenny KERN épouse GRINSPAN, née le 8 juin 1907 en Pologne , déjà évoquée.

 

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